Né le 21 août 1947 dans le 16e arrondissement de Paris, Frédéric Mitterrand a marqué de son empreinte autant le domaine culturel que le domaine politique en France.
Issu d'une famille politique célèbre, en tant que neveu de l’ancien président de la République, François Mitterrand, il a su endosser le poids contraignant de son nom de famille et tracer en même temps sa propre voie dans le monde de la culture.
Il a embrassé des carrières variées en tant qu'écrivain, réalisateur, animateur de télévision et homme politique.
Son parcours tumultueux est ponctué de succès professionnels, mais également de controverses qui ont suscité débats et critiques dans le paysage médiatico-politique français.
Jeunesse et débuts professionnels
Frédéric Mitterrand est le fils de Robert Mitterrand, un ingénieur polytechnicien, et d'Édith Cahier. Son éducation se déroule dans un environnement cultivé où il développe un intérêt précoce pour le cinéma et la littérature.
Après des études universitaires en histoire et géographie à Nanterre et à Sciences Po Paris, il se lance dans le monde du cinéma en tant qu'exploitant de salles et devient rapidement une figure majeure dans le marché, gérant plusieurs salles Art et Essai dans la capitale.
Malgré son succès dans ce domaine, des difficultés financières le contraignent à abandonner ses activités cinématographiques en 1986.
Sa transition vers les médias audiovisuels marque un tournant dans la carrière de Frédéric Mitterrand.
Il devient animateur et producteur d'émissions télévisées dédiées au cinéma, qui le font connaître au grand public, notamment grâce à des émissions telles que "Étoiles et toiles" et "Ciné-Club" qui l’ont propulsé sur le devant de la scène médiatique française.
Carrière politique
Frédéric Mitterrand, a aussi marqué le paysage politique français lors de son mandat en tant que ministre de la Culture et de la Communication.
Nommé le 23 juin 2009 dans le gouvernement Fillon, il a dû faire face à une série de défis et de controverses qui ont façonné son passage au sein du gouvernement. Sa nomination survient dans un contexte où la culture numérique émergeait comme un enjeu majeur pour les industries culturelles.
Ainsi l'une des premières missions qui lui incombait était la gestion du dossier sensible de la loi Hadopi, visant à lutter contre le piratage sur internet.
Pendant son mandat, Frédéric Mitterrand a également dû traiter des questions de restitution d'œuvres d'art, notamment en autorisant la restitution de cinq fragments de peinture murale égyptienne au gouvernement égyptien, ce qui avait été salué comme un engagement pour la préservation du patrimoine culturel et une volonté de respecter les accords internationaux en matière de restitution d'œuvres d'art.
On lui doit en outre la paternité de plusieurs réformes importantes dans le domaine culturel, telles que le lancement du concept de “culture pour chacun”, visant à rendre la culture accessible à tous les citoyens, ou encore la mise en place du Centre national de la Musique, témoignant de sa volonté de moderniser et de dynamiser le secteur culturel français.
Cependant, son passage au ministère n'a pas été exempt de controverses.
Sa position vis-à-vis du régime tunisien de Ben Ali a suscité des débats au sein de la classe politique française. Sa volonté de maintenir des relations diplomatiques avec le régime en place a été perçue comme une forme de complaisance envers la dictature de Ben Ali, avec qui il entretenait des relations amicales.
De même, sous la pression du président de l'association des Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), Serge Klarsfeld, sa décision de retirer l'écrivain Céline du recueil des célébrations nationales a été accueillie avec des réactions mitigées, illustrant les tensions autour de la mémoire en France.
Roman Polanski, tourisme sexuel, pédophilie
Cependant, l'une des polémiques qui aura le plus marqué la carrière de Mitterrand reste son soutien au réalisateur Roman Polanski, arrêté en Suisse en 2009 sur mandat d'arrêt américain pour une affaire de crime sexuel sur mineur remontant à 1977.
Mitterrand a provoqué l'indignation en déclarant que cette affaire était “une histoire ancienne qui n'a pas vraiment de sens”, suscitant des réactions négatives de la part de nombreuses personnes, notamment des associations de victimes.
Une autre controverse majeure a éclaté lorsque Marine Le Pen l'a accusé, lors d'un débat télévisé, d'avoir pratiqué du tourisme sexuel en Thaïlande, en citant des extraits de son propre livre, "La Mauvaise Vie", publié en 2005.
Même si Mitterrand a vigoureusement nié ces allégations, affirmant n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec des mineurs, l’ombre des soupçons de pédophilie a longtemps plané sur lui.
En 2011, l’ancien ministre de l’Education nationale, Luc Ferry, avait mis en cause lors d’une émission télévisée, un ministre français “qui s’est fait coincer à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons”. La presse de l’époque avait immédiatement pointé du doigt Frédéric Mitterrand.
Une autre affaire qui a éclaté concerne des allégations selon lesquelles Mitterrand aurait utilisé un “cavalier législatif” pour favoriser la construction de l'immeuble de la fondation Louis-Vuitton, malgré les objections et les problèmes juridiques liés à son emplacement dans le bois de Boulogne.
En proposant un amendement à une proposition de loi sur le livre numérique, qui n'avait aucun rapport évident avec la construction du musée, Mitterrand a été accusé de faire pression dans une affaire judiciaire en cours.
Bien que Frédéric Mitterrand ait eu un rôle significatif dans la promotion de la culture en France, ces épisodes ont contribué à ternir son image publique et à susciter des débats sur la responsabilité politique du personnage.