Suite à la reconnaissance par la Cour internationale de Justice le 26 Janvier 2024 d'un "risque de génocide" à Gaza, un collectif universitaire européen a initié une journée de mobilisation pour la Palestine le 12 mars. Rassemblement, conférences, projection de film, distribution de tracts, point d’information… Plus de 2 000 personnes seront mobilisées dans les plus grandes villes françaises dont Paris, Montpellier, Lyon, Marseille, Aix-en-Provence et Toulouse. L'appel sera suivi dans plusieurs pays européens dont l’Espagne, l’Italie, la Suède, l’Angleterre et la Finlande.
Constitué de chercheurs, d'enseignants, de doctorants et d'étudiants engagés dans l’enseignement supérieur et la recherche, la Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP) a deux revendications : la liberté académique sur la Palestine et le boycott des universités israéliennes.
"Cette initiative est née de de deux facteurs conjugués : l'inertie des organisations syndicales dans l'enseignement supérieur et la restriction des libertés académiques. En France, il y a eu plusieurs cas d’universitaires et de chercheurs, qui ont été embêtés parce qu'ils ont pris position et ont parlé dans leurs cours de la Palestine" explique un initiateur du collectif et maître de conférence, qui a souhaité garder son anonymat, lors d’une interview accordée à TRT Français.
"Face à la complicité active du gouvernement français dans cette guerre génocidaire menée par Israël contre le peuple palestinien et la répression de la liberté d’expression autour de la Palestine", la CUCCP exige un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent, la levée permanente du blocus de Gaza et la défense du droit palestinien à l’éducation.
Appel à boycotter les universités israéliennes
Créée après la pétition de l'appel à la grande mobilisation en faveur du boycott universitaire qui a recueilli 2 500 signatures, la coordination ne défend pas uniquement les libertés académiques, mais également le droit du peuple palestinien à l'éducation. "Le droit à l'éducation, c'est d'exiger un boycott des universités israéliennes qu'on considère complices du régime d'apartheid en Palestine. L'enjeu, c'est de dire, nous, universitaires et monde académique européen, nous disons stop au génocide, stop à la colonisation et exhortons au boycott universitaire. Nous voulons rompre les accords universitaires entre les facultés françaises et les universités israéliennes" explique le maître de conférence.
La coordination préconise de boycotter les événements scientifiques soutenus par Israël, ainsi que les programmes de recherche et de mobilité étudiante impliquant des institutions israéliennes.
Selon le collectif, les universités israéliennes ont une responsabilité dans la colonisation et dans l’occupation militaire. Certaines universités israéliennes dont l’Université hébraïque à Jérusalem-Est et de l’Université d’Ariel en Cisjordanie occupée ont été construites illégalement selon le droit international sur des terres qui appartenaient aux Palestiniens.
De manière plus générale, l'université israélienne est considérée comme faisant partie intégrante du système d'oppression des Palestiniens, en collaborant étroitement avec l'appareil militaire. C'est particulièrement le cas de Technion (Israel Institute of Technology), impliqué dans le développement de technologies de drones militaires et de bulldozers armés télécommandés utilisés pour démolir les habitations palestiniennes.
Censure dans le milieu universitaire
Dans une tribune publiée sur Mediapart, 1 400 universitaires avaient déjà écrit une tribune en novembre dernier, pour dénoncer "les faits graves de censure et de répression […] dans l’espace public français depuis les événements dramatiques du 7 octobre".
La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, avait adressé un courrier de mise en garde aux présidents d’université pour, "limiter toute situation susceptible de causer un trouble à l’ordre public". Un appel à "limiter l’expression du soutien au peuple palestinien dans les universités", selon l’association des Étudiants musulmans de France.
Depuis le 7 octobre 2023, toutes les universités de Gaza ont été bombardées, partiellement ou intégralement détruites. L’armée israélienne a tué au moins 94 professeurs d’université, 231 enseignants et plus de 4 300 étudiants.