Mayotte: Retailleau lance les expulsions par charter
Le nouveau ministre de l’Intérieur a annoncé, mercredi, avoir ordonné au préfet de Mayotte la mise en place de vols groupés pour rapatrier les ressortissants de la République démocratique du Congo en situation irrégulière.
Contrôle de la police maritime à Mayotte, la France a renforcé les contrôles, les migrants arrivent principalement des Comores ou de la région des Grands Lacs/ Photo: AFP (AFP)

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, montre une activité tous azimuts sur le dossier de l’immigration depuis qu’il est arrivé place Beauvau. Après quelques effets d’annonce comme “régulariser moins et expulser plus” lors de la passation de pouvoir au ministère, il passe à la pratique.

Il a annoncé avoir donné l'ordre au préfet de Mayotte de mettre en place des “vols groupés” pour rapatrier les ressortissants de la RDC.

“Dès ce mois d'octobre, le préfet de Mayotte, il en a l'instruction, organisera des vols groupés pour pouvoir reconduire les étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo”, a-t-il déclaré devant l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, en réponse à une interpellation de la députée Rassemblement national de Mayotte, Anchya Bamana.

Selon l’AFP, quatre vols groupés ont déjà eu lieu depuis février, et trois sont prévus pour le mois d'octobre afin de vider en partie le centre de rétention administrative de Mayotte.

A Mayotte, le camp de migrants africains venus de la région des Grands Lacs et de Somalie, s'est installé autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, dans des abris construits avec du bois et des bâches. Leur présence a généré des manifestations de Mahorais demandant plus de sécurité.

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Des Mahorais, pas convaincus par le Premier ministre

Les élus mahorais espéraient plus, la déception a d’abord concerné l’absence d’annonces sur la cherté de la vie dans l’Outre-mer alors que les tensions sont encore vives en Martinique et que des négociations ont lieu pour faire baisser les prix de l’alimentaire. Le même système de taxes dont l'octroi de mer prévaut dans tous les territoires et départements d'outre-mer.

Quant à l'épineux sujet de l’immigration, la députée mahoraise Rassemblement national Anchya Bamana est clairement déçue par l'annonce de Bruno Retailleau. Elle a demandé au ministre de l'Intérieur d'envoyer la Marine nationale stopper les bateaux de migrants avant qu'ils n'entrent dans les eaux françaises.

"Je propose une solution pour traiter le mal à la racine. Nous sommes un petit territoire de 370 km2, on ne peut pas absorber cette immigration. "

La députée Estelle Youssouffa du groupe LIOT a déposé, fin septembre, deux propositions de loi ordinaire et constitutionnelle sur Mayotte, dont l’une demande la suppression du droit du sol.

C’est dire qu’elle attendait peu du gouvernement Barnier. L'objectif de sa proposition est simple: réduire l'immigration massive en supprimant l’accession à la nationalité française pour les enfants de migrants nés à Mayotte. Un enfant français permet à ses ascendants d’obtenir la nationalité.

Selon l’enquête nationale menée en 2021 par l’Agence régionale de santé et Santé publique France, 85% des titres délivrés dans l’île relèvent de l’immigration familiale. Un contraste énorme avec le reste de la France, où le taux est à 38%.

La députée LIOT assure que les Comores toutes proches, (qui ne reconnaissent pas la souveraineté de la France sur l’archipel) essaient de déstabiliser le plus jeune département français par l’immigration, en saturant ses services publics et en créant des tensions au sein de la population.

Sa collègue Anchya Bamana déplore que la France ne mette pas les moyens là où il faudrait pour lutter contre l'immigration illégale. Gérald Darmanin, l'ancien ministre de l'Intérieur avait déjà annoncé la fin du droit du sol à Mayotte en février 2024. En avril, plusieurs escadrons de gendarmeries ont été envoyés pour une opération "place nette" afin de détruire les bidonvilles et arrêter les chefs des trafics qui pullulent dans l'île.

La députée Anchya Bamana tire un bilan sans concession: "Ça ne marche pas. Mêmes les gendarmes se sont tirer dessus. Chez nous, on voit les bus scolaires caillassés, on subit des car-jakings. On ne vit plus !"

TRT Français et agences