Marseille: le mensonge de Darmanin sur les renforts policiers dévoilé par la Cour des comptes
Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur, a souvent vanté l'augmentation des effectifs policiers à Marseille pour lutter contre la délinquance. Pourtant, un rapport atteste qu'il y a moins de policiers aujourd’hui à Marseille qu’en 2016.
Le président français Emmanuel Macron et l'ancien ministre de l'Intérieur Darmanin visite le village olympique à Paris / Photo: Reuters (Reuters)

Gérald Darmanin avait maintes fois affirmé, alors qu’il était ministre de l'Intérieur, avoir renforcé les effectifs policiers à Marseille, ville durement touchée par la criminalité et le trafic de drogue, et s'en est plusieurs fois félicité. Il a notamment souligné l'ajout de 300 policiers dans le cadre du plan "Marseille en grand" lancé en 2021 avec Emmanuel Macron pour aider la ville à se développer, et le renforcement des moyens matériels de la police marseillaise.

"Reboucher un trou"

Cependant, un rapport de la Cour des comptes, dévoilé par Mediapart, met à mal cette communication : il révèle que les nouveaux policiers n'ont fait que compenser les départs antérieurs, et que les effectifs policiers à Marseille n'ont pas retrouvé leur niveau de 2016.

Le rapport révèle que si de nouveaux policiers ont bien été déployés, cette augmentation ne fait que compenser la baisse des effectifs survenue entre 2016 et 2020. Darmanin a habilement omis de mentionner les départs de policiers non remplacés durant ces années, ce qui avait induit une réduction des forces sur le terrain. En 2016, Marseille comptait 4 232 policiers, mais ce nombre est tombé à 3 979 en 2021, avant de remonter à 4 064 en 2023.

La Cour des comptes fait remarquer que le gouvernement a essentiellement "rebouché un trou qu’il avait lui-même creusé", avec une chute des effectifs si importante entre 2017 et 2020 que les nouveaux policiers couvrent à peine les départs.

Bilan mitigé dans la lutte contre le narcotrafic

Le bilan de la lutte contre le narcotrafic à Marseille, tel que décrit par les magistrats, apparaît plus contrasté que ce qu'affirme Darmanin. Bien que le ministre ait souvent mis en avant la fermeture de points de deal, cet indicateur n’est pas suffisant pour évaluer l'efficacité réelle de l’action publique, selon le rapport.

La Cour des comptes évoque notamment le recours croissant à la livraison de drogue à domicile, ce qui complique les opérations policières, ainsi que la stabilité des saisies de stupéfiants entre 2019 et 2023. Par ailleurs, les "opérations place nette" se sont souvent limitées à déplacer les points de vente, rendant leur efficacité durable difficile à mesurer.

Augmentation de la délinquance économique

Dans leur rapport, les magistrats relèvent que la priorité accordée à la lutte contre le trafic de drogue et la délinquance de rue nuit à d'autres types de criminalité, notamment celles économique et financière.

À Marseille, entre 2016 et 2023, les infractions économiques et financières ont augmenté de 37 %, tandis que le taux d'élucidation a chuté de 63 % à 29,8 %. Cette répartition des ressources, combinée à un manque d'effectifs, a également ralenti les enquêtes publiques, laissant plus de 88 000 dossiers ouverts fin 2023.

TRT Francais