Le président français Emmanuel Macron a déploré, ce vendredi, la situation de crise traversée par le système de santé de son pays et rappelé que "6 millions de nos compatriotes n'ont pas de médecin traitant".
Emmanuel Macron s'est rendu, ce vendredi matin, au Centre hospitalier sud francilien de Corbeil-Essonnes pour présenter ses vœux au monde de la santé.
Ce fut une occasion pour le chef d'État français de faire un état des lieux de l'hôpital public en France et d'évoquer la refonte du système de santé envisagée par son gouvernement.
La tableau dressé par Emmanuel Macron a été celui des urgences débordées, pénurie de médicaments et de médecins, grève des praticiens libéraux, déserts médicaux, ainsi que de la crise des vocations pour un grand nombre de soignants, alors que l’hôpital est percuté par une triple épidémie de Covid-19, bronchiolite et grippe.
Il s'agissait de la première fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017, que le président français a dédié une cérémonie de vœux spécifiquement aux "acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux".
Ce jeudi, les médecins libéraux ont manifesté par milliers à Paris, au terme de deux semaines d'une grève qui a débuté au lendemain de Noël, pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 à 50 euros, ainsi que le renforcement des moyens mis en place par l'État pour former davantage de médecins soignants.
Un diagnostic sévère
Lors de son discours prononcé face aux soignants, Emmanuel Macron a, d'abord dressé un tableau du système de santé de son pays.
"Le diagnostic, vous le connaissez parfaitement", a déclaré Emmanuel Macron, évoquant un discours qu'il avait déjà tenu en 2018 sur la situation du secteur de la santé. "Si le diagnostic était juste, le traitement, manifestement, indépendamment du Covid, n'était sans doute pas suffisant", a-t-il reconnu, faisant état des insuffisances concernant les mesures prises par l'Exécutif depuis 2018 pour répondre aux problèmes et défis du système de santé français.
"On a investi 19 milliards d'euros dans notre système de santé. En trois ans, le budget que notre Nation consacre à la santé a augmenté de 50 milliards", a-t-il toutefois tenu à souligner avant d'évoquer l'avenir du secteur de la santé dans l'Hexagone, faisant état de davantage de détérioration à envisager dans les années à venir.
Il a rappelé qu'"on a presque la moitié des médecins aujourd'hui qui ont plus de 60 ans" en France, évoquant, ainsi, la réduction à venir du nombre de médecins alors que ceux-ci prendront leur retraite.
"Il y aura en 2025 environ 80 000 médecins généralistes en France'', a-t-il poursuivi, ajoutant que “les premiers effets de la fin du numerus clausus, qu'il a mis en place, ne seront pas visibles avant "cinq à huit ans".
"On ne forme pas des médecins en un an ou deux ans. On va mettre une décennie" pour apporter des changements "en profondeur", a-t-il tenu à souligner, ajoutant que "la réponse n'est pas simplement plus de moyens", mais que celle-ci repose dans une refonte de l'organisation du système de santé français.
Les solutions envisagées
Parmi les solutions à moyen termes envisagées pour pallier le manque d'effectif dans le système de santé de son pays, le président français a, d'abord, exprimé son souhait que le nombre d'assistants médicaux -un métier crée sous sa présidence en 2018-, d'"environ 4 000 aujourd'hui, passe à 10 000 d'ici à la fin de l'année prochaine", avant d'appeler à un renforcement de la prévention dans le secteur de la santé pour réduire le nombre des cas à traiter à l'avenir, alors que la population française est vieillissante.
Déplorant l'"hyper rigidité" du système de travail des 35 heures dans le système santé, qui rend nécessaire l'usage des heures supplémentaires, Emmanuel Macron a signifié sa volonté de "repenser l'organisation du temps de travail" à l'hôpital, "remettre à plat" le système actuel d'ici au mois de juin, afin de "rebâtir un système objectivement plus cohérent avec la réalité du quotidien" des soignants.
Emmanuel Macron a, également, appelé de ses vœux l’instauration d’un "tandem administratif et médical", "sur la base d’un projet" à la tête de chaque hôpital, pour apporter plus de souplesse et de coordination dans l'organisation de chaque établissement.
"On a aujourd'hui six millions de nos compatriotes qui n'ont pas de médecins traitants. [...] Les 600 000 patients avec une maladie chronique se verront proposer un médecin traitant d'ici à la fin de l'année", a-t-il annoncé.
Pour répondre aux difficultés d'accès des Français à un médecin, le chef d'État a appelé au développement du "recours à d'autres professionnels de santé pour le renouvellement d'ordonnances pour des maladies chroniques" ou encore pour des vaccinations.
Emmanuel Macron a ajouté que "nous allons mieux rémunérer les médecins qui assurent la permanence des soins et ceux qui prennent en charge de nouveaux patients", ainsi que ceux qui prennent part à la formation de nouveaux soignants.
Il a également annoncé la "sortie de la tarification à l’acte" à l’hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale (PLFSS), au profit d’un financement sur "objectifs de santé publique".