L’Université de Strasbourg rétablit son partenariat avec l’université israélienne Reichman
Le rétablissement du partenariat entre Sciences Po Strasbourg et l’université Reichmann en Israël, après une suspension de six mois, a suscité des tensions : cinq enseignants ont démissionné, étudiants et syndicats appellent à des mobilisations.
Sciences-Po Strasbourg suspend un partenariat avec une université israélienne / Photo: AFP (AFP)

Le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et l’université Reichmann en Israël, suspendu durant six mois, a été rétabli le 18 décembre par décision du conseil d’administration de l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg.

La décision a été prise avec 14 voix favorables, une contre et quatre abstentions.

Cette suspension avait été votée en juin par le conseil d'administration mais rendue public en octobre.

Cinq enseignants démissionnent

Cinq enseignants-chercheurs de Sciences Po Strasbourg, soit Vincent Dubois, Michel Fabreguet, Valérie Lozac’h, Jérémy Sinigaglia et Nadine Willmann, ont démissionné du conseil d’administration, dénonçant un "déni de démocratie universitaire" et accusant l’institution de soutenir des actions militaires contraires au droit international.

“Nous refusons d’être complices d’une université qui soutient le massacre de civils et des opérations militaires contraires au droit international à Gaza, au Liban et maintenant en Syrie." s’indignent-ils dans un communiqué.

Avec treize représentants étudiants, ils critiquent une contre-motion opaque, manquant de transparence sur ses auteurs et son contenu.

Soutien des étudiants

A la date du 23 décembre, 322 étudiants ont signé un communiqué de soutien à leurs professeurs et appellent à une mobilisation dès la rentrée de janvier.

“Ces professeurs nous honorent par leur décision qui s'inscrit dans un engagement humain, intellectuel et pédagogique”, indique le communiqué partagé sur X.

"Nous considérons que ce vote est un déni de démocratie universitaire ; Nous estimons que ce revirement décrédibilise le Conseil d'Administration et Sciences Po Strasbourg plus généralement ; Nous regrettons que les débats qui l'ont précédé aient démontré l'impossibilité d'une discussion de fond sérieusement argumentée”, déplorent les étudiants.

“Nous refusons d'être complices d'une "université" qui soutient le massacre de civils et des opérations militaires contraires au droit international à Gaza, au Liban et maintenant en Syrie. Nous nous mobiliserons à leurs côtés pour mettre fin à ce partenariat, dès la rentrée”, ajoute la même source.

Le collectif d'étudiants appelle la direction à faire marche arrière et à écouter ses professeurs et ses étudiants, “plutôt que de subir des pressions extérieures”.

Le Syndicat de l’Union Étudiante avait aussi immédiatement réagi et dénoncé l’accord.

“Piétiner la démocratie universitaire et les droits humains n'est pas salutaire, mais honteux et irresponsable. Vous êtes définitivement complice du génocide à Gaza et vous partirez de votre ministère avec du sang sur les mains. Il est désormais temps de partir.” a écrit le syndicat en réponse au ministre de l’Enseignement supérieur Patrick Hetzel qui s’est réjoui du rétablissement du lien entre les deux universités.

Six mois de rupture

En juin, le conseil d'administration avait voté la suspension des liens de Sciences Po avec l'université israélienne regrettant ses positions "profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste" au regard de "la guerre en cours à Gaza".

Une motion avait été présentée par la liste Solidarit’Etudiants, qui dispose de huit des 10 sièges des représentants étudiants au conseil d’administration et qui dénonçait les "positions de l’université en question, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza".

La décision a été justifiée par les actions de soutien entreprises par l’université israélienne aux conflits en cours au Proche-Orient, dont la collecte de denrées alimentaires, la mise en place de soutiens psychologiques et une attention aux étudiants réservistes mobilisés, une posture jugée incompatible avec les valeurs de neutralité et de diplomatie prônées par l'institution française.

Dès ce moment-là, le directeur de l'IEP, Jean-Philippe Heurtin, avait déposé une contre-motion pour permettre le rétablissement de ce partenariat, ce qui a attiré à l’Université des tensions générées par les menaces et les critiques.

TRT Français et agences