Liban: le chef de l'armée Joseph Aoun élu président
Le Parlement libanais a élu jeudi le chef de l'armée Joseph Aoun président du pays, mettant fin à deux années de vacance politique dans le pays.
Le chef de l'armée Joseph Aoun élu président / Photo: AFP (AFP)

Joseph Aoun a été élu jeudi par les députés lors d'un deuxième tour de scrutin, au cours duquel il a obtenu 99 voix sur 128 sièges. Le Liban était privé depuis plus de deux ans d'un chef d'État en raison des profondes divergences entre blocs politiques.

"Aujourd'hui commence une nouvelle ère dans l'histoire du Liban", a déclaré M. Aoun après avoir prêté serment au Parlement, juste après son élection.

Il a annoncé qu'il s'"emploierait à consacrer le droit de l'État à avoir le monopole des armes", après une guerre dévastatrice entre le Hezbollah et Israël, et il s'est engagé à des consultations rapides pour nommer un Premier ministre. Le nouveau président s'est aussi engagé à respecter "la trêve" avec Israël.

Le premier tour n'a pas permis d'élire un président, M. Aoun, qui n’a pas de lien familial avec le président sortant Michel Aoun, n'ayant obtenu que 71 voix, tandis que 37 députés ont voté blanc. Un candidat doit obtenir les deux tiers des voix, soit 86 députés, pour franchir la première étape de l’élection. La majorité absolue est requise pour les tours suivants.

Au sein de l'armée, Joseph Aoun a su manœuvrer pour surmonter les crises, notamment un effondrement économique qui a frappé de plein fouet la solde de ses 80 000 soldats, l'obligeant à accepter des aides internationales pour préserver son institution.

Election suivie de près par l’Occident

Plusieurs diplomates étrangers ont assisté à la session parlementaire de jeudi, notamment l'envoyé spécial français Jean-Yves Le Drian et les ambassadeurs du Quintette (Égypte, France, États-Unis, Qatar et Arabie saoudite), qui suit la question de la vacance du siège présidentiel au Liban.

“Cette élection est loin d'être décidée localement”, avait déclaré Jean-Yves Le Drian, l'envoyé spécial d'Emmanuel Macron pour le Liban avant l'élection.

Mohanad Hage Ali, du think tank Carnegie pour le Moyen-Orient, souligne ses "liens avec les États-Unis", l'armée libanaise étant financièrement soutenue par Washington.

Outre l'allié américain, l'institution a reçu des aides du Qatar ou de la France. Une conférence internationale organisée à Paris en octobre avait permis de lever 200 millions de dollars pour l'armée.

Le siège présidentiel est resté vacant pendant plus de deux ans depuis le départ de Michel Aoun en 2022, période pendant laquelle le paysage politique et sécuritaire du Liban a été considérablement affecté par l'escalade des conflits avec Israël.

Selon la Constitution libanaise, le président doit être un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite.

Agences