Liban: l'armée israélienne envisage une invasion terrestre
Les frappes israéliennes au Liban ont tué, mercredi, 72 personnes, alors qu'Israël n'écarte pas l'idée d’une opération terrestre.
Des personnes fuyant le Liban arrivent du côté syrien de la frontière avec le Liban, à Jdeidat Yabus, dans le sud-ouest de la Syrie, le 25 septembre 2024. / Photo: AFP (AFP)

L'armée israélienne a annoncé jeudi mener de nouvelles frappes contre le Hezbollah au Liban, malgré une proposition de cessez-le-feu de 21 jours pour mettre fin aux combats.

"Les Forces de défense israéliennes (l'armée, NDLR) frappent actuellement des cibles terroristes du Hezbollah au Liban. Détails à suivre", a déclaré l'armée dans un communiqué.

Peu avant, le ministre des Affaires étrangères israélien a affirmé qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu avec le Hezbollah "jusqu'à la victoire".

L'armée israélienne a dit préparer "une possible entrée" au Liban pour y frapper le Hezbollah, attisant la crainte d'un embrasement régional.

"Nous attaquons toute la journée (...) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (...) et continuer à frapper le Hezbollah", a déclaré à des soldats le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, à la frontière avec le Liban.

"L'enfer se déchaine au Liban", "nous devons tous nous alarmer de l'escalade", a averti le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.

L'Iran a, pour sa part, assuré qu'il soutiendrait Beyrouth "par tous les moyens" en cas d'escalade. Le Proche-Orient est "au bord d'une catastrophe totale", a mis en garde le ministre iranien des Affaires étrangères.

Le président américain Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti du risque d'une "guerre généralisée" régionale, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre israélienne n'apparaissait pas "imminente".

Dans l'immédiat, Israël, qui affirme opérer pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés du secteur frontalier par les tirs du Hezbollah, a poursuivi ses bombardements pour la troisième journée consécutive, concentrés sur le sud et l'est du Liban, deux bastions du mouvement islamiste soutenu par l'Iran.

A travers le pays, 72 personnes ont été tuées et près de 400, blessées, selon le dernier bilan des autorités libanaises.

Plus de 90.000 Libanais ont été jetés sur les routes, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.

L'armée israélienne a assuré avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi, dont "plusieurs centaines", mercredi.

Lundi, ses frappes avaient fait 558 morts, hommes, femmes et enfants, et plus de 1.800 blessés, selon les autorités libanaises. Au total, les échanges de tirs entre le Hezbollah et l'armée israélienne ont fait au moins 1.247 morts au Liban depuis octobre, "la plupart des civils", ont-elles annoncé mercredi.

- Missile et drones -

À Beyrouth, des habitants patientaient pour donner leur sang au siège de la Croix-Rouge, qui a lancé un appel urgent aux dons.

Les écoles et universités resteront fermées jusqu'à la fin de la semaine, et de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth.

En Israël, les sirènes d'alerte ont retenti à l'aube à Tel-Aviv, à plus de 110 km de la frontière libanaise, quand le Hezbollah a tiré un missile sol-sol, intercepté, selon l'armée, pour qui il s'agit d'une première.

Le Hezbollah a affirmé avoir visé avec un missile Qader le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens.

Les Brigades du Hezbollah irakiennes, ont appelé à "intensifier" les "opérations" contre Israël.

- "La force" et les "ruses" -

Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont, jusque-là, été tirées sur Israël depuis que le Hezbollah a ouvert un front contre le pays en soutien au Hamas palestinien, au début de la guerre à Gaza.

Israël utilisera "la force" et "des ruses" contre le Hezbollah jusqu'au retour des habitants du nord d'Israël, a martelé, mercredi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

L'armée israélienne a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.

Le Hezbollah a juré de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".

A la tribune de l'ONU, le président français, Emmanuel Macron, a appelé Israël à cesser "l'escalade au Liban" et le Hezbollah à mettre fin à ses tirs.

En partenariat avec Washington, Paris a proposé un cessez-le-feu temporaire de 21 jours au Liban pour des négociations entre Israël et le Hezbollah, a annoncé, mercredi, le chef de la diplomatie française devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

"Cette plateforme va être rendue publique très rapidement", a indiqué Jean-Noël Barrot à New York.

Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne, le 20 septembre, sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a tué plusieurs éléments de l'unité d'élite du mouvement.

- Gaza en second plan -

Dans la bande de Gaza, pilonnée depuis près d'un an par l'armée israélienne, des Palestiniens redoutent que l'escalade en cours n'éclipse leur sort.

"L'attention médiatique pour la bande de Gaza est devenue secondaire", déplore Ayman al-Amreiti, 42 ans, pour qui cela encourage Israël "à commettre plus de crimes".


TRT Français et agences