Nombreux sont les journalistes qui ont vu leur carrière s’effondrer et leur vie brisée, depuis le début de la guerre à Gaza, pour avoir osé regarder de trop près. Mais Qaswa al-Khalili est un cas d’école.
Star adulée de la télé, Qaswa évoque, chez le public égyptien, charisme et bonne humeur. Que son nom soit associé à des délits de conscience discrédite plus les demandeurs que la défenderesse auprès de millions de spectateurs du talk-show qu'elle anime sur la chaîne égyptienne CBC.
Depuis environ six mois, annonce-t-elle dans un communiqué, elle fait l’objet “d'une campagne d’intimidation systématique de la part du lobby sioniste pro-israélien aux États-Unis”.
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Les questions qui fâchent
Les faits remontent au tournage d’une interview avec le porte-parole du département d'État américain pour le Moyen-Orient après le déclenchement de la campagne militaire israélienne sur la bande de Gaza. Le diplomate américain, explique-t-elle, s'est retiré à deux reprises de l’émission après qu’elle l’a confronté à l’inconsistance de Washington qui “qualifie la résistance palestinienne de terroriste et refuse de reconnaître comme un acte de terrorisme, le génocide israélien à l'encontre du peuple palestinien désarmé”.
Mal lui en a pris. Qaswa raconte comme un cauchemar la déferlante d’incidents : “Mes deux entretiens avec le responsable américain ont été censurés par le Département d’État et mon émission, interdite sur les réseaux électroniques, nos comptes, bloqués et notre contenu concernant la politique américaine, filtré”.
Tout de suite après, l’animatrice égyptienne a été “la cible d’une campagne de harcèlement orchestrée par des comptes sur les médias sociaux diffusant calomnies et dénigrement à mon propos, j’ai même reçu des menaces directes sous formes de messages textuels de numéros de téléphones…”.
Traqués par des experts, il s’est avéré que ces comptes et numéros de téléphones appartiennent, pour la plupart, à “des entités affiliées au soutien d'Israël, qui créent des comptes qui communiquent en langue arabe et attaquent les journalistes égyptiens et arabes qui adoptent une position en faveur des droits palestiniens et soutiennent le rôle égyptien dans la protection et le soutien (des Palestiniens), dans le but de les terroriser et de les réduire au silence”.
Dans le radar du MEMRI
Jusqu’à ce que s’en mêle MEMRI, le centre de “recherches” le plus engagé dans le monitoring des médias arabophones à la recherche de la moindre allusion à Israël ou à ses intérêts. Ce centre, dont le conseil d’administration compte un cortège de personnalités américaines pro-israéliennes, d'anciens ministres israéliens et de groupes de pression sionistes, emploie des méthodes sophistiquées de détection et d’analyse du contenu avec un focus particulier sur la presse soutenant la cause palestinienne. Ce label qui n’augure rien de bon pour les journalistes qui retiennent son attention, s’est arrêté plusieurs fois sur les débats animés par Qaswa al-Khalili et en aurait repris des matériaux méticuleusement soumis au travail de montage. Ce qui équivaut à donner le signal du lynchage.
A cela s'ajoute, se lamente Qaswa, “l'extraction répétée de certains passages tronqués de mes propos et ceux de mes invités dans des analyses publiées par le New York Times et Foreign Policy, et à les présenter comme une attaque non provoquée contre Israël”.
La chasse aux voix libres
La campagne prend une tournure bien plus préoccupante lorsque le célèbre juriste et farouche défenseur d’Israël Richard Epstein s’y met, lui aussi, avec une attaque frontale contre la présentatrice égyptienne et un article incendiaire. Il est aussitôt rejoint par son épouse Elaine Epstein, membre éminente du conseil d'administration de l'American Jewish World Service, dont l’influence sur les campagnes électorales aux États-Unis n’est pas à démontrer. Derrière le nom anodin d’American Jewish World Service, se cache une machine redoutable de collecte de fonds pour le soutien aux candidats présidentiels les plus assidus dans la défense des intérêts d'Israël.
Qaswa soutient qu’elle n’est pas la seule à pâtir de ce genre de campagnes. Des associations de journalistes et organismes de la profession, aux États-Unis mais en Europe aussi, affirment que plusieurs de leurs affiliés ont été ciblés par les mêmes méthodes d’intimidation pour avoir adopté une ligne éditoriale perçue comme hostile à Israël, notamment depuis la guerre de Gaza.
L’objectif étant de faire taire de telles voix, ces campagnes ont recours aux techniques les plus “créatives” lorsque les moyens directs ne suffisent pas. Des témoignages anonymes rapportent, notamment, avoir été menacés d’être exposés à des “ennuis” dans des aéroports internationaux, à des restrictions de mouvement, voire à des atteintes à l’intimité et à la vie privée.
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La campagne prend une tournure bien plus préoccupante lorsque le célèbre juriste et farouche défenseur d’Israël Richard Epstein s’y met, lui aussi, avec une attaque frontale contre la présentatrice égyptienne et un article incendiaire. Il est aussitôt rejoint par son épouse Elaine Epstein, membre éminente du conseil d'administration de l'American Jewish World Service, dont l’influence sur les campagnes électorales aux États-Unis n’est pas à démontrer. Derrière le nom anodin d’American Jewish World Service, se cache une machine redoutable de collecte de fonds pour le soutien aux candidats présidentiels les plus assidus dans la défense des intérêts d'Israël.
Qaswa soutient qu’elle n’est pas la seule à pâtir de ce genre de campagnes. Des associations de journalistes et organismes de la profession, aux États-Unis mais en Europe aussi, affirment que plusieurs de leurs affiliés ont été ciblés par les mêmes méthodes d’intimidation pour avoir adopté une ligne éditoriale perçue comme hostile à Israël, notamment depuis la guerre de Gaza.
L’objectif étant de faire taire de telles voix, ces campagnes ont recours aux techniques les plus “créatives” lorsque les moyens directs ne suffisent pas. Des témoignages anonymes rapportent, notamment, avoir été menacés d’être exposés à des “ennuis” dans des aéroports internationaux, à des restrictions de mouvement, voire à des atteintes à l’intimité et à la vie privée.