Les Gazaouis pris au piège à Rafah, l’Unicef avertit contre un nouveau tournant dévastateur
L'armée israélienne a bombardé vendredi Rafah, ville à la frontière avec l’Egypte, où s'entassent plus d'un million de Palestiniens déplacés par la guerre, sur fond de crainte d'un "désastre" humanitaire.
Des déplacés à Rafah disent attendre la mort si une offensive israélienne y est lancée / Photo: Reuters (Reuters)

Les Palestiniens qui ont fui le nord de Gaza et trouvé refuge à Rafah craignent des "massacres", en cas d'offensive de l'armée israélienne sur cette ville surpeuplée et assiégée, une opération évoquée mercredi par le Premier ministre israélien.

Benjamin Netanyahu a dit avoir ordonné à l'armée de préparer une offensive sur Rafah, où s'entassent 1,3 million de Palestiniens. Le nombre d'habitants de la ville a été multiplié par cinq depuis le début de la guerre en octobre.

Washington a averti jeudi contre un "désastre" à Rafah et assuré ne pas soutenir une opération "sans une planification sérieuse et crédible" concernant les civils sur place.

"Je pense, comme vous savez, que la riposte à Gaza, dans la bande de Gaza, a été excessive", a déclaré le président américain Joe Biden, dans une rare critique à l'égard d'Israël.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est pour sa part dit "alarmé" par une opération terrestre sur place. "Une telle action aggraverait de façon exponentielle l'actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables", a-t-il écrit sur le réseau social X.

Sans issue

Oum Ahmed al-Burai, une déplacée du camp d'Al-Shati âgée de 59 ans, vit avec ses quatre filles et trois de ses petits-enfants près du bâtiment inachevé de l'hôpital qatari, dans l'ouest de Rafah.

"Nous avons d'abord fui vers Khan Younès, puis nous sommes arrivées à Khirbet Al-Adas (nord-est de Rafah). Hier, nous nous sommes réfugiées près de l'hôpital qatari chez ma sœur et sa famille" après les déclarations du Premier ministre israélien, relate-t-elle.

Elle non plus ne cache pas ses craintes: "Si Rafah est attaquée, il y aura des massacres et un génocide. J'ignore si nous pourrons fuir vers l'Egypte ou si les massacres nous frapperont".

L'inquiétude ne cesse de croître parmi les déplacés face à la perspective d'une offensive sur Rafah alors que la bande de Gaza est soumise à des bombardements incessants de l'armée.

Selon un employé de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ayant requis l'anonymat, les gens se dirigent vers la mer car "ils pensent qu'une éventuelle invasion commencera à l'est" près de la frontière israélienne.

"Nous attendons la mort. Les bombardements se sont intensifiés après les déclarations de Netanyahu", lâche Jaber Abou Alwan, un déplacé de Khan Younès âgé de 52 ans. Malgré tout, il nourrit l'espoir d'un cessez-le-feu pour pouvoir retourner chez lui.

La guerre israélienne sur Gaza a tué, depuis le 7 Octobre dernier 27.947 personnes et blessé 67.459 autres, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé à Gaza.

Agences