Les feux de forêt font rage en Italie et en Haute-Corse, plusieurs morts
Les pompiers luttaient dans la nuit de mardi à mercredi contre un incendie attisé par des rafales de vent menaçant trois villages en Haute-Corse, tandis que cinq personnes ont trouvé la mort dans de violents orages et incendies en Italie.
Les feux de forêt font rage en Italie et en Haute-Corse, plusieurs morts / Photo: AFP (AFP)

Vers 03H00 du matin, "les objectifs de défense des points sensibles continuaient de se réaliser avec un feu toujours virulent et des rafales de vent de 100 km/h", ont indiqué les pompiers à l'AFP soulignant qu'à ce stade il n'y avait ni blessé recensé ni maison détruite.

Les flammes étaient proches de trois villages, Corbara, Pigna et Santa-Reparata-Di-Balagna et plus particulièrement de deux hameaux avec "de nombreux points sensibles, des habitations, des points religieux", selon les pompiers.

Deux départs de feu ont eu lieu vers 22H00 à un kilomètre d'écart, avant que les deux sinistres ne se rejoignent, dans la région de Corbara, les pompiers privilégiant donc une cause humaine. L'Office national des forêts estime que neuf feux de forêt sur dix seraient d'origine humaine.

L'incendie a "rapidement pris de l'importance en pente ascendante face à un vent très très fort et constant".

Quelque 130 hectares de végétation ont été parcourus, un chiffre à affiner au lever du jour, toujours selon les secours.

Quelque 200 soldats du feu, appuyés par 70 engins mais sans moyens aériens, qui ne peuvent pas voler la nuit, étaient mobilisés pour ce "gros combat qui s'inscrit dans la durée", notamment à cause du vent, qui devrait faiblir en fin de nuit mais rester tout de même sur des valeurs autour de 70 km/h.

Deux Canadairs devraient décoller d'Ajaccio si les conditions météo le permettent mercredi matin au plus tôt.

"On voit les flammes du village"

Une salle polyvalente à Santa-Reparata-Di-Balagna et un complexe sportif à L'Ile-Rousse ont été mis à disposition des éventuels sinistrés. Environ 120 personnes avaient trouvé refuge dans l'équipement d'Ile-Rousse selon les pompiers soit parce qu'elles ont décidé de partir de chez elles, soit parce qu'elles étaient bloquées sur la route.

Les soldats du feu appellent toutefois les habitants à rester confinés.

"On a ouvert la salle polyvalente pour les gens qui souhaiteraient se mettre à l'abri, il n'y a pas eu d'ordre d'évacuation à ce stade", a déclaré vers 02H00 Marie-Lise Savelli à l'AFP, élue de la commune de Santa-Reparata-Di-Balagna.

"On voit les flammes du village, il n'est pas encerclé complètement, même si (l'incendie) est tout proche des habitations", a-t-elle ajouté, soulignant que la population du village, situé à environ 5 km de la touristique Ile-Rousse, passait d'environ 1.000 habitants en hiver au double en été.

La préfecture de Haute-Corse a classé pour mercredi les zones naturelles de cette région très touristique en rouge pour le risque incendie, indiquant qu'il y était "dangereux" de pratiquer des activités en milieu naturel.

Météo France a placé pour mercredi la Haute-Corse en vigilance jaune (risque modéré) pour le risque feux de forêts et trois départements du sud (Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse) en alerte orange (risque élevé).

Cet incendie intervient au moment où deux autres pays méditerranéens, en proie à des températures caniculaires, sont touchés par des incendies violents. En Grèce mardi, deux pilotes d'un Canadair sont morts dans le crash de leur avion et le corps d'un homme a été retrouvé carbonisé.

Italie

Au moins cinq personnes ont trouvé la mort en Italie dans de violents orages au nord et des incendies en Sicile, qui pourraient inciter le gouvernement à décréter l'état d'urgence dans les régions les plus touchées.

"C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la nouvelle tragique de deux accidents provoqués par le mauvais temps au cours desquels une jeune fille de 16 ans a été tuée dans un camp scout à Brescia (nord) et une femme à Lissone (nord) par la chute d'arbres", a écrit la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni dans un message sur Twitter, rebaptisé "X".

Des vents violents - jusqu'à 110 km/h - de fortes pluies et de la grêle se sont abattus mardi à l'aube sur Milan, la capitale économique du pays, inondant les rues et déracinant des arbres, dont un bon nombre est tombé sur la chaussée.

L'entreprise locale de transport public a déploré de sérieux dégâts sur le réseau électrique, tandis qu'une journaliste de l'AFP a constaté une coupure d'eau provisoire dans le centre historique de la ville.

Parallèlement à ces intempéries qui frappent le nord de la péninsule, le sud est touché par une vague de chaleur avec une température de 47,6°C enregistrée lundi à Catane, en Sicile, selon la Protection civile locale.

Les corps de deux septuagénaires ont été retrouvés carbonisés dans une maison engloutie par les flammes et une femme de 88 ans est décédée près de Palerme, ont rapporté les médias mardi soir.

Les pompiers siciliens ont par ailleurs lutté dans la nuit de lundi à mardi contre plusieurs incendies, dont l'un est arrivé tout près de l'aéroport de Palerme, qui a été fermé pendant plusieurs heures dans la matinée.

Le président de la région sicilienne, Renato Schifani, a indiqué vouloir demander au gouvernement, qui se réunit mercredi en conseil des ministres, de décréter l'état d'urgence sur l'île méditerranéenne.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent les flammes longer une autoroute devant des voyageurs interloqués près de Syracuse, tandis qu'un impressionnant orage supercellulaire près de Vérone (nord) a été capturé par des internautes.

Selon le laboratoire européen des orages violents, qui recense les phénomènes météorologiques d'envergure, un grêlon d'une taille record de 19 cm a été mesuré lundi soir à Azzano Decimo, dans la province de Pordenone (nord-est).

Le transport ferroviaire est également affecté par ces incendies.

"Nous vivons en Italie l'une des journées les plus compliquées des dernières décennies: inondations, tornades et grêle géante au nord, chaleur torride et incendies dévastateurs au sud", a écrit mardi sur Facebook le ministre de la Protection civile, Nello Musumeci.

"Le bouleversement climatique qui frappe notre pays nous impose à tous, sans aucun alibi pour qui que ce soit, un changement d'attitude", a ajouté le ministre.


AFP