Les ministres des Relations avec le Parlement, Olivier Véran, et de l'Europe, Clément Beaune, ont exclu mercredi toute alliance avec l'extrême droite et l'extrême gauche pour donner au camp du président Emmanuel Macron la majorité absolue qu'il a perdue après les élections législatives de dimanche.
Plusieurs ténors du camp présidentiel ont semé le trouble en suggérant mardi la formation d'un gouvernement d'union nationale ou d'une "grande coalition", idée qu'Emmanuel Macron aurait lui-même évoquée lors d'entretiens avec les dirigeants des partis représentés à l'Assemblée nationale, selon le communiste Fabien Roussel.
Ensemble!, l'alliance constituée autour du chef de l'Etat, regroupant Renaissance (ex-La République en marche), le MoDem de François Bayrou et Horizons d'Edouard Philippe, n'a obtenu que 245 députés, soit 44 de moins que la majorité absolue, et devra donc soit constituer un gouvernement de coalition, soit obtenir une majorité au "cas par cas" pour faire adopter ses projets de loi.
Bien qu'aucun parti d'opposition ne se soit publiquement dit prêt à servir d'appoint à l'alliance présidentielle, l'hypothèse d'un gouvernement d'union évoquée mardi par François Bayrou et Edouard Philippe a posé la question de savoir si une alliance pourrait inclure le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen ou la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, cibles de virulentes attaques d'Emmanuel Macron lors des récents scrutins.
Le ministre délégué chargé de l'Europe, Clément Beaune, un très proche du chef de l'Etat, a catégoriquement rejeté cette idée mercredi.
"Il ne peut pas y avoir une alliance, même de circonstances, avec le Rassemblement national", dont le socle de valeurs n'est pas compatible avec celui de la coalition présidentielle, a expliqué Clément Beaune sur Europe 1.
"Nous n'irons pas chercher un accord politique avec le Rassemblement national", a-t-il insisté.
"PROJET PAR PROJET"
Son collègue aux Relations avec le Parlement et ancien ministre de la Santé, Olivier Véran, a également exclu toute alliance avec l'extrême gauche.
"On ne se mettra pas en situation de dépendre des voix du RN, ni de LFI", a-t-il assuré sur BFMTV.
"Nous avons la volonté de tendre la main, de travailler dans l'intérêt général", a expliqué Olivier Véran, en évoquant par exemple "un système de majorité projet par projet, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite".
En revanche, "faire le calcul par anticipation que grâce aux voix du RN nous passerions un texte que nous ne passerions pas sans eux, c'est non, ni d'ailleurs avec les LFI", a insisté le ministre.
Emmanuel Macron, qui termine ce mercredi ses consultations politiques, en recevant notamment un représentant des Insoumis à l'Elysée, n'a fait aucune déclaration depuis l'échec subi par son camp aux législatives, et n'a livré aucune indication sur ses intentions pour la suite de son quinquennat.
La position du chef de l'Etat est d'autant plus délicate que Les Républicains (LR) et l'UDI, ses alliés les plus "naturels" au sein de l'opposition pour mener à bien son programme de réformes, dont celle du système de retraites, ne cessent de répéter qu'ils ne veulent pas participer à un gouvernement de coalition alors que leur soixantaine d'élus suffiraient à constituer une majorité stable.
En attendant d'y voir plus clair, Emmanuel Macron a refusé mardi la démission de la Première ministre Elisabeth Borne et lui a demandé d'expédier les affaires courantes, sans que son maintien en poste soit assuré à moyenne échéance.
Le temps presse pourtant pour le président de la République s'il veut apporter un peu de clarté politique avant d'entamer jeudi une séquence internationale qui le verra participer à un Conseil européen à Bruxelles, un sommet du G7 en Allemagne, un autre de l'Otan à Madrid, puis une conférence de l'Onu à Lisbonne.