L’opération militaire israélienne à Gaza, avec notamment le projet d’offensive terrestre a Rafah, met à rude épreuve les relations diplomatiques entre Israël et l’Égypte.
Située à la frontière, fermée, avec l’Égypte, cette ville était le dernier refuge de 1,4 million de Palestiniens, dont la grande majorité sont des personnes déplacées par la guerre qui sévit depuis octobre dernier.
Désormais, la ville est dans la ligne de mire de l’armée israélienne, le premier ministre Benyamin Netanyahu ayant donné des instructions en vue de son évacuation, en prévision d’une offensive élargie.
L’Égypte, limitrophe de Gaza au nord-est, a mis en garde Israël contre les “conséquences désastreuses” d'une éventuelle offensive militaire du Rafah.
“Cibler Rafah et poursuivre la politique visant à entraver l’accès à l’aide humanitaire, constituent une véritable contribution à la mise en œuvre de la politique de déplacement du peuple palestinien et de la liquidation de sa cause”, a déclaré le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Cette déclaration intervient après que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné aux forces et aux responsables de la sécurité israéliens de soumettre à son cabinet un plan combiné pour évacuer la population.
Depuis, Israël a mené dans la nuit de dimanche à lundi des bombardements parmi les plus violents qui ont frappé la zone, point de passage de Gaza vers l’Egypte, depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023.
Les Égyptiens redoutent qu'Israël, par ses agissements à Gaza, n'oblige des centaines de milliers de Palestiniens à rejoindre le Sinaï, foulant ainsi une ligne rouge tracée par le Caire. Les déclarations d’officiels israéliens encourageant le contrôle d'une zone tampon essentielle le long de la frontière entre l'Égypte et la bande de Gaza ont également suscité la colère du Caire.
Accord de paix
Israël accuse régulièrement le Hamas d’organiser une contrebande d’armes à partir de la frontière égyptienne, pour justifier son intention de contrôler le corridor de Philadelphie qui sert de frontière entre les deux pays.
Ce corridor, également connu sous le nom de route ou axe de Philadelphie, est une bande longue de 14 km (8,7 miles) qui représente l'ensemble de la zone frontalière entre Gaza et l'Égypte.
Pour l’Égypte, ces accusations de contrebande ne sont que des "mensonges" destinés à dissimuler l'objectif d'Israël d'occuper la zone tampon frontalière.
"Le corridor doit être fermé. Il est clair qu'aucun autre arrangement ne garantirait la démilitarisation que nous recherchons", avait insisté Netanyahu en décembre dernier.
Quarante chars et véhicules blindés de transport de troupes égyptiens sont arrivés dans le nord-est du Sinaï au cours des deux dernières semaines dans le cadre d'une série de mesures visant à renforcer la sécurité à sa frontière avec Gaza, ont déclaré des sources de sécurité égyptienne.
Un moyen pour l’Égypte de montrer qu’elle est bien en mesure d’assurer la sécurité à sa frontière avec la bande de Gaza, contrairement aux insinuations israéliennes.
Le “corridor de Philadelphie” a été établi comme une zone tampon contrôlée conjointement par les forces armées israéliennes et égyptiennes, dans le cadre du traité de paix du 26 mars 1979 entre les deux pays, à la suite des Accords de paix de Camp David de 1978. Il a permis de mettre fin à l'occupation israélienne de la péninsule du Sinaï, rouvrir le canal de Suez et instaurer la normalisation entre israéliens et égyptiens.
La mise en place de ce corridor vise à empêcher que des armes et du matériel militaire “ne tombent entre les mains des Palestiniens dans la bande de Gaza”, et empêcher les déplacements de personnes entre les territoires palestiniens et l'Égypte.
C’est la première fois que l’Égypte, premier pays arabe à avoir signé un accord de paix avec Israël, menace de remettre en question ce traité, signé il y a 45 ans.
Le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi a plus d’une fois, mis en garde que l’arrivée des réfugiés palestiniens en Égypte serait “la ligne rouge” à ne pas franchir.