Dans un communiqué transmis à « Corse Matin », l'organisation clandestine a notamment reconnu avoir commis deux attaques contre des véhicules policiers, à Bastia et Lupinu, ainsi que 14 attentats (incluant des incendies) contre des résidences secondaires et des entreprises du BTP, en Corse.
La "disparition du peuple corse"
"Le peuple corse meurt. Le peuple corse disparaît", affirme l'organisation dans son communiqué qui dénonce les "effets de la mondialisation économique destructrice des peuples et de leur culture ancestrale".
Il estime que "l'horizon s'assombrit" pour la Corse, alors que "notre pays est confronté à une somme de problèmes qui entraîne désormais notre peuple dans un compte à rebours mortifère."
Outre la mondialisation, le FLNC dénonce "l'environnement politique national, mais aussi français et international" qui "n'augure pas la possibilité proche de notre sauvegarde en tant que peuple souverain".
Dans la ligne de mire du FLNC, figurent notamment "Femu a Corsica", le parti politique autonomiste de Gilles Simeoni, président de l'exécutif corse, et sa "volonté d'hégémonie" sur l'Île de Beauté. Le groupe clandestin dénonce "l'émergence de personnes dans l’univers politique corse qui représentent parfaitement [...] le post nationalisme" qui est décrit comme "une forme de patriotisme bobo, d'autosatisfaction assumée, quel que soit le résultat obtenu" dans les discussions avec l'exécutif français.
La vérité sur l'assassinat d'Yvan Colonna
Dans son communiqué, le FLNC fait ensuite référence à la situation politique qui s'est dessinée dans l'Hexagone, à l'issue des élections législatives des 12 et 19 juin derniers. Il y décrit une "France désormais empêtrée dans une Assemblée sans majorité absolue avec un président désavoué par une abstention record et une extrême droite ayant le groupe le plus important au sein de son Assemblée nationale".
L'organisation clandestine dénonce également "l'attitude de la France à l'égard de notre peuple et de nos élus", qu'elle juge "méprisante et condescendante".
"Nous attendons toujours la vérité sur l'assassinat d'Yvan Colonna, mais là aussi nous savons que nous ne l'aurons jamais. La France sachant mieux que quiconque cacher ses ignominies", lit-on encore dans le communiqué.
Yvan Colonna, un nationaliste corse condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio, a été agressé, le 2 mars dernier dans la maison d'arrêt d'Arles (sud de la France) par un codétenu condamné pour terrorisme. Quelques jours plus tard, Colonna a succombé à ses blessures.
L'agression puis le décès du nationaliste corse avait mené au mouvement « Justice et Vérité » et à des manifestations violentes sur l'île, ce qui avait mené le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin à se rendre en Corse pour y consulter les autonomistes et accéder à une partie de leurs revendications après avoir réitéré la promesse de l'exécutif français d'accorder davantage d'autonomie à l'Île de Beauté.
Pessimisme sur les discussions avec Paris
Dans son communiqué, le FLNC évoque également les discussions qui sont prévues les 21 et 22 juillet courants, alors que Gérald Darmanin, reconduit au ministère de l'Intérieur à l'issue des élections législatives, effectue une nouvelle visite en Corse.
L'organisation indépendantiste estime que ces négociations doivent se "placer à la hauteur des exigences historiques de la lutte de libération nationale", en établissant trois axes principaux de discussions : la "reconnaissance officielle du peuple corse", la "mise en place d’une autonomie politique transitoire immédiate", et l'"accession à l’autodétermination dans un délai de 5 ans avec définition du corps électoral".
Le FLNC exhorte Gilles Simeoni, "le président de l’exécutif de Corse à prendre sans attendre la mesure de sa responsabilité". Le mouvement indépendantiste souligne que "si pour l’instant, il [Simeoni] reste le chef désigné du rapport à la France, il faudra qu’il soit en capacité de fédérer pour reconstruire la route vers l’autodétermination en recherchant des synergies en Corse et en Europe plutôt qu’en France".
"Alors il validera ce à quoi nous avons participé depuis 2014 et 2016, dates de la démilitarisation progressive de l’espace militaire", lit-on encore dans le communiqué.
En référence aux "discussions annoncées avec Paris", le mouvement indépendantiste exprime son "pessimisme extrême" et souligne que "nous ne resterons jamais les spectateurs passifs de la mort programmée de notre peuple sur sa terre".