Après l’attaque menée par le Hamas sur Israël, le 7 octobre, les médias et les politiques israéliens ont lancé nombre d’accusations contre le Hamas.
Israël a évoqué des violences sexuelles pour “démontrer ce qu’il considère comme la sauvagerie du Hamas et pour justifier son objectif de guerre consistant à neutraliser toute menace”, écrit AP. Il a même accusé la communauté internationale d’ignorer ou de minimiser les preuves des allégations de violences sexuelles, alléguant un parti pris anti-israélien.
Ces accusations ont été reprises partout dans le monde. On a parlé de bébés décapités et de femmes systématiquement violées. Puis, le travail d’enquête de plusieurs médias a prouvé que les témoignages ont été exagérés ou étaient carrément faux.
À leur tour, certains critiques d'Israël se sont emparés des récits relayés par l’association ZAKA, ainsi que d'autres qui se sont révélés faux, pour alléguer que le gouvernement israélien a déformé les faits pour poursuivre une guerre –une guerre dans laquelle plus de 35 700 Palestiniens ont été tués, dont beaucoup sont des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, a poursuivi l’agence de presse américaine.
Associated Press a donc décidé de reprendre un à un le fil des témoignages.
Des témoignages de viols faux ou déformés
Les journalistes de l’agence de presse américaine AP ont rencontré les témoins de l’ONG Zaka qui est intervenue dans les zones attaquées par le Hamas. Cette ONG “rassemble et identifie les corps rapidement sur les lieux d’attentat pour permettre un enterrement selon le rituel juif”. Ils ont été les premiers arrivés sur les lieux du festival Nova ou dans le kibboutz de Be’eri.
AP a rencontré celui par qui cette histoire de viol a pris son ampleur. Il est intervenu dans le kibboutz Be’eri et il a raconté ce qu’il a vu aux journalistes. Il a particulièrement insisté sur le corps d’une jeune fille retrouvé séparé du reste de la famille, son pantalon baissé. Pour lui, cela suggérait un viol. Aujourd’hui on sait que les militaires israéliens avaient déplacé le corps pour vérifier qu’il n’était pas piégé.
Un autre membre de Zaka a, également, accusé le Hamas d’avoir tué et mutilé une femme enceinte, il a été prouvé que c’était faux.
Toutefois, l’association admet avoir été dépassée ; elle a aussi été accusée d’avoir déplacé ou mélangé les corps, compromettant, ainsi, les preuves qui auraient pu être cruciales pour les médecins légistes.
Certains prétendent que les récits d’agressions sexuelles ont été délibérément inventés. Les responsables de Zaka et d’autres contestent cela. Quoi qu’il en soit, l’enquête menée par AP sur la façon dont l’association a traité ces récits montre comment les informations peuvent être obscurcies et déformées dans le chaos du conflit.
L’enquête de l’AP insiste, également, sur le fait qu’aucune procédure de médecine légale n’a été appliquée sur le terrain dans les jours qui ont suivi l’attaque. L’armée était occupée à reprendre le contrôle de la zone, Zaka était occupée à identifier les corps retrouvés, a noté l’agence de presse.
Les victimes supposées étaient mortes, elles ont été enterrées rapidement sans aucune intervention d’un médecin légiste.
Les preuves médico-légales ont disparu
Associated Press pointe du doigt comment ces récits de témoins ont été utilisés à des fins politiques et sans accuser Zaka de partialité, les journalistes soulignent que l’ONG a attendu des mois avant d’admettre que les témoignages de ses membres n’étaient pas ce qu’ils prétendaient être. Des volontaires sans expérience médicale ont tiré des conclusions hâtives, a affirmé AP.
L’agence de presse américaine insiste sur un point. Les autorités israéliennes ont tellement exagéré l’ampleur des viols et tellement déformé les faits, qu’aujourd’hui toute preuve de violence sexuelle par le Hamas est perçue comme une autre tentative de propagande anti-palestinienne.
Un rapport de l'ONU a également mis en lumière les problèmes qui ont contribué au scepticisme à l'égard des allégations de violences sexuelles. Il a déclaré que le traitement des scènes du crime était “limité” et que certaines preuves d'agression sexuelle pourraient avoir été perdues en raison “des interventions de certains premiers intervenants bénévoles insuffisamment formés”.