L’Algérie renvoie un influenceur expulsé par la France, une "humiliation", selon Retailleau
Le renvoi en France d’un influenceur algérien expulsé vers l’Algérie, a ravivé les tensions franco-algériennes, suscitant l’indignation du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui dénonce un acte d’humiliation envers la France.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dénonce un acte d’humiliation envers la France / Photo: AFP (AFP)

"L'Algérie cherche à humilier la France" : le renvoi vers Paris d'un influenceur algérien expulsé vers son pays a provoqué la colère du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"J'ai pris un arrêté d'expulsion d’un individu et les autorités algériennes n'ont pas voulu le laisser débarquer sur le sol algérien en contradiction totale avec les règles", a affirmé M. Retailleau.

"On a atteint avec l'Algérie un seuil extrêmement inquiétant", a estimé le ministre de l'Intérieur.

"Je pense que la France ne peut pas supporter cette situation", a-t-il encore dit, en appelant à "évaluer tous les moyens qui sont à notre disposition à l’égard de l'Algérie" pour "défendre nos intérêts".

Trois Algériens et une Franco-algérienne ont été récemment interpellés pour avoir mis en ligne des contenus haineux envers la France, incitant notamment à "brûler vif, tuer et violer", tout en appelant à des actes violents, souvent à l'encontre d'opposants au régime algérien.

"Doualemn", influenceur de 59 ans, avait été interpellé à Montpellier dans le sud de la France, après une vidéo litigieuse sur TikToK, puis mis dans un avion jeudi après-midi pour l'Algérie, d'où il a été renvoyé en France le soir même, l'Algérie l'ayant "interdit de territoire", selon le ministère de l'Intérieur.

L’Algérie a refusé l’expulsion de l’influenceur car celui-ci est "interdit de territoire" dans le pays. Sur son passeport, son dernier visa remonte à 2022.

Il a donc été replacé dans la soirée en centre de rétention administrative en région parisienne.

Tensions croissantes entre les deux pays

Les relations entre Alger et Paris se sont gravement détériorées depuis plusieurs mois. Attendu en France au début du mois d’octobre dernier, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a finalement annulé son déplacement.

Le président Emmanuel Macron s'est aligné fin juillet sur l'Espagne et les États-Unis, estimant que l'avenir du “Sahara occidental” s'inscrivait "dans le cadre de la souveraineté marocaine". Ce qui a causé un réchauffement avec Rabat et une nouvelle crise avec Alger.

Alger a même retiré son ambassadeur à Paris à la suite de cette prise de position.

Autre sujet de tension, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, qui est incarcéré depuis mi-novembre en Algérie pour atteinte à la sûreté de l'État.

"Est-ce qu'un grand pays peut s'honorer de maintenir en détention pour de mauvaises raisons quelqu'un qui est malade et âgé ?", a estimé M. Retailleau, paraphrasant des propos du président Emmanuel Macron, déjà réprouvés par l'Algérie.

"L'Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d'enfants et tant d'histoires, entre dans une histoire qui la déshonore, en empêchant un homme gravement malade de se soigner. Ce n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est", avait dit M. Macron devant les ambassadeurs français réunis à l'Êlysée.

L’Assemblée populaire nationale (APN), chambre basse du Parlement algérien, avait alors dénoncé des “propos irresponsables” et une “ingérence flagrante” de Macron.

Abdelmadjid Tebboune a récemment pointé du doigt le lourd héritage de la colonisation française en Algérie. “Ceux qui disent que nous avons laissé un paradis à l’Algérie devraient savoir que 90 % du peuple algérien était analphabète au moment de l’indépendance”, a-t-il affirmé, ajoutant que “la colonisation a laissé l’Algérie en ruines (...). Ils doivent admettre qu’ils ont tué et massacré des Algériens”.

Agences