Le fondateur de l'application de messagerie cryptée, qui a la nationalité française, a été arrêté en France samedi dernier dans le cadre d'une enquête portant sur 12 chefs d'accusation, dont "blanchiment de crimes ou délits en bande organisée".
Il a été mis en examen pour ces chefs mercredi par deux juges d'instruction français, au terme de quatre jours de garde à vue, et s'est vu contraint de remettre un cautionnement de cinq millions d'euros. Pavel Durov, 39 ans, a obligation de pointer deux fois par semaine au commissariat et a interdiction de quitter le territoire français.
Dans cette affaire sans précédent, qui menace de tendre un peu plus des relations déjà glaciales entre Moscou et Paris, Emmanuel Macron a assuré lundi sur X que la mise en cause de Pavel Durov - pour des utilisations délictuelles de Telegram par des abonnés (trafic de stupéfiants, pédopornographie, pédocriminalité, blanchiment d'argent...) - n'était pas "une décision politique" et a défendu l'indépendance de la justice française.
"Ce qui importe, c'est que ce qui se passe en France ne tourne pas à la persécution politique", a déclaré jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à des journalistes.
"Nous savons que le président français a démenti tout lien avec la politique, mais d'un autre côté, certaines accusations sont portées. Nous verrons ce qu'il va advenir", a-t-il ajouté.
"Absurde"
Dmitri Peskov s'est refusé à commenter plus avant ce dossier, rappelant que Pavel Durov, auquel la justice française reprochait son absence de coopération, était "un citoyen français, disposant de tout ce dont il a besoin pour organiser sa défense".
Pavel Durov a été naturalisé français en 2021 après plusieurs rencontres avec le président Emmanuel Macron, selon l'édition du Monde du 28 août.
Le créateur de Telegram, qui réside principalement à Dubaï, dispose de passeports français, russe et émirati.
Dmitri Peskov a déclaré qu'à ce titre, Moscou pourrait lui prêter assistance si cela s'avérait nécessaire.
Les Emirats arabes unis ont par ailleurs pris attache avec les autorités françaises et la direction de Telegram, a déclaré jeudi un membre du gouvernement de l'émirat.
"Nous sommes en contact avec les autorités françaises sur ce dossier, ainsi qu'avec les représentants de Pavel Durov", a-t-il dit, ajoutant que les Emirats arabes unis avaient pour priorité le bien-être de leurs ressortissants.
L'un des avocats français de Pavel Durov, Me David-Olivier Kaminski, a déclaré à des médias français qu'il était "totalement absurde de penser que le responsable d'un réseau social puisse être impliqué dans des faits criminels".
L'avocat a ajouté que Telegram se conformait "en tous points aux règles européennes concernant le numérique" et qu'il jouait son rôle de modérateur.