A San Sebastian dans le nord de l’Espagne, face à la côte atlantique, des centaines de manifestants ont marché plusieurs kilomètres avant de se rassembler, non loin de la célèbre plage de la Concha, entre le Peigne du Vent et le Pont d’Ondaretta.
Allongés sur le sol , durant plusieurs minutes, sous le bruit assourdissant de sirènes, les contestataires ont reproduit les scènes, d’une violence inouïe, devenues le quotidien des Gazaouis. L’occasion pour certains artistes basques de demander de "ne pas s’habituer, ne pas oublier face à la normalisation de la terreur".
Durant ce rassemblement dans le Pays basque Espagnol, organisé par la plateforme @kulturatik, les manifestants ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, et réclamé la fin des relations commerciales, diplomatiques et militaires avec Israël.
Ces revendications sont clamées haut et fort dans tout le pays depuis le mois d’octobre dernier. D’après une étude réalisée par le média Eldiario.es plus de 60% des Espagnols condamnent l’offensive d’Israël sur Gaza et demandent un cessez-le-feu.
Les Espagnols aux côtés des Palestiniens
Chaque semaine, les Espagnols se mobilisent par milliers dans les rues du pays. Dans plusieurs régions, les associations et ONG nationales organisent des manifestations, marches et autres évènements pour apporter leur soutien au peuple palestinien, exiger un cessez-le feu permanent et un embargo sur la vente d’armes à Israël.
Le parti Podemos participe activement à ces actions de soutien.
"Ces mobilisations sont aussi le reflet de la démocratie. Nous appelons à la poursuite de ces mobilisations pour le bien de la Palestine, mais en général pour le bien des droits de l’homme dans le monde", indique à TRT Français Nicolas Sguiglia, membre de la direction andalouse de Podemos.
À Malaga, l’association Malaga por Palestina, fondée en octobre dernier, se réunit plusieurs fois par mois dans la "Casa Invisible", centre socio-culturel de la ville, pour mettre en place des actions de solidarité en faveur de la cause palestinienne.
Lors d’une réunion, Hatem, membre du même collectif explique à TRT Français qu’"en Espagne, le soutien et la solidarité au peuple palestinien est une tradition enracinée.
“Nous voyons qu’ici en Espagne le soutien n’est pas le même que dans d’autre pays d’Europe, par exemple en Allemagne, en Angleterre ou en France", ajoute ce palestinien qui vit en Espagne depuis une trentaine d’années et milite avec ferveur pour "la libération des palestiniens et de leur territoire”.
De tous âges et de toutes origines, les militants font front commun. C’est notamment le cas de Beatriz, jeune Malaguène, membre de Malaga por Palestina.
"Je ne pense pas que depuis l’Espagne, et encore moins en tant qu'espagnol, je vais parvenir à libérer la Palestine. Nous avons toujours dit que ce sont les Palestiniens eux-mêmes, que c'est la Palestine qui se libérera. Ce que je crois, c'est que c'est la Palestine qui est en train de nous libérer, en tant que société espagnole. Elle nous libère dans le sens où elle nous montre la nature du système et qu'il doit être changé", a-t-elle poursuivi.
La voix des femmes
À l’occasion du 8 mars, partout dans le pays, de nombreux Espagnols sont descendus dans la rue pour revendiquer les droits des femmes palestiniennes et réclamer l’arrêt du génocide à Gaza.
Ainsi à Malaga, les militants se sont donné rendez-vous, sur la place de la Merced, pancartes et drapeaux palestiniens en main.
Parmi eux, en tête de cortège , Rama, une dramaturge palestinienne qui vit en Espagne depuis 12 ans.
Bien que nous souffrions, en tant que palestiniens, nous sommes plus unis, plus forts que jamais, nous avons une base culturelle très solide qui est peut-être en train de changer le monde. Je suis donc très fière de mon peuple, je suis très fière du peuple espagnol".
Accompagnée de ses deux amies Laila et Amy, Nisrine avait à cœur de prendre part à la manifestation. Installée en Andalousie depuis quatre ans, elle participe régulièrement aux rassemblements organisés dans la ville.
"On voit de plus en plus de monde participer à ces marches, ça fait chaud au cœur. Et ça fait du bien de voir tout ce peuple se lever pour la Palestine".
Pour Amy, la situation est plus particulière. Soutenir Gaza est, pour elle, presque" une nécessité".
"J'ai vécu à Gaza, j'ai travaillé à Gaza, je connais donc très bien les gens là-bas, la vie qu'ils mènent, les bombardements et les choses horribles qui leur arrivent en ce moment. J'en ai personnellement fait l'expérience et je soutiens mes amis en Palestine. Je veux une Palestine libre, indique-t-elle à TRT français.
À l’image de la Plateforme de solidarité avec la Palestine à Séville qui se mobilise régulièrement depuis 2001, pour faire écho à la cause palestinienne, Artistas por Palestina, soutient la Palestine à travers des performances artistiques. " Le groupe, s’est constitué en appui à la lutte anticoloniale du peuple palestinien et en opposition au génocide que commet l’entité coloniale sioniste", explique Cécilia, membre du collectif.
La mobilisation de la société civile en Espagne résonne avec la politique menée par le gouvernement depuis le début du conflit et du génocide à Gaza et qui reflète le soutien très enraciné de Madrid envers la cause palestinienne. La semaine dernière, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a affirmé que son exécutif reconnaîtra l’État de Palestine d'ici à la fin de son mandat, en 2027.