Ce livre, "Les essais nucléaires en Polynésie française", a été réalisé par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) français sous la direction d'un historien, Dominique Mongin.
Cinq mille exemplaires seront distribués gratuitement à travers la Polynésie, territoire français du Pacifique où Paris a fait exploser 193 bombes atomiques entre 1966 et 1996, après 17 essais nucléaires dans le Sahara.
L'ouvrage conteste les conclusions d'enquêtes menées par les médias indépendants français Mediapart et Disclose, selon qui les conséquences sanitaires des essais ont été sous-estimées par Paris.
Il affirme que "seule une infime partie des personnels" du Centre d'expérimentations nucléaires du Pacifique ont reçu des doses de radioactivité supérieures à la normale. Il revient sur six essais atmosphériques "aux retombées supérieures à ce qui était attendu", entre 1966 et 1974.
Pour ces tirs, il reconnaît des expositions de la population de Tureia, des Gambier et de Tahiti, supérieures à la dose limite réglementaire pour le public aujourd'hui, mais à des niveaux inférieurs à ceux estimés par le livre-enquête de Disclose, "Toxique", publié en 2021, selon lequel toute la Polynésie a été affectée par les retombées nucléaires.
"Comment croire les gens du CEA, qui nous ont tellement menti?", a réagi auprès de l'AFP le père Auguste Uebe-Carlson, président de l'association antinucléaire 193. "L'enquête fiable sur les essais nucléaires, c'est +Toxique+, qui est validée par des scientifiques indépendants et non par ceux du CEA", a-t-il estimé.
Villipendés par les défenseurs de l'environnement et par les pays riverains du Pacifique, les tests ont cessé après la signature par la France en 1996 du traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires.
Sur les 193 essais réalisés dans les atolls de Mururoa et Fangataufa, 46 étaient aériens et 147 souterrains. En 2010, Paris avait pour la première fois reconnu que ces 30 ans d'explosions atomiques avaient eu un impact sur l'environnement et la santé en Polynésie, ouvrant la voie à des indemnisations.
Le président Emmanuel Macron avait, lors d'une visite en Polynésie en juillet 2021, promis la déclassification des archives sur les essais.
"Je ne peux pas vous demander d'avoir confiance en moi après qu'on vous ait menti si longtemps en ne partageant pas les informations", avait-il dit. Il n'avait, en revanche, pas demandé d'excuses au nom de la France, comme l'espéraient les antinucléaires.