Les équipements en question, produits par Thales, incluent des transpondeurs de type “TSC 4000 IFF” utilisés dans l'assemblage des drones Hermes 900 d'Elbit Systems. Ces drones, capables de rester en vol pendant plus de 30 heures à une altitude de 9 000 mètres, sont réputés pour leur précision létale.
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Depuis octobre 2023, Disclose a recensé au moins huit frappes mortelles menées par des drones israéliens contre des civils ou des infrastructures à Gaza, en s'appuyant sur des rapports d'ONG et des déclarations de l'armée israélienne.
Un pilote de Hermes 900, interviewé par le quotidien britannique The Telegraph, a décrit la précision des armes utilisées : “Certaines bombes peuvent tuer le conducteur d’une voiture sans blesser les passagers, tandis que d’autres peuvent causer des pertes dans un rayon de 5 à 10 mètres ”.
Des hôpitaux visés
Le chef à la tête du bataillon de ces drones a reconnu avoir ciblé l’hôpital de Khan Younès en février dernier, une frappe que le porte-parole de l’armée israélienne n’a pas confirmée.
Malgré l’utilisation controversée des Hermes 900, Thales, détenu à 26 % par l’État français, a récemment expédié des équipements électroniques pour ces drones, selon Disclose.
Des documents confidentiels, incluant des factures et un catalogue de présentation, montrent que Thales a expédié des transpondeurs à Elbit Systems, en dépit des bombardements en cours. Au moins huit transpondeurs devaient être envoyés entre décembre 2023 et fin mai 2024, mais six unités seraient actuellement retenues par les douanes françaises.
La licence d’exportation de ces équipements, accordée par les plus hautes autorités de l’État, met en lumière un déficit de transparence et de contrôle sur les ventes d’armes.
Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a affirmé le 20 février dernier à l’Assemblée nationale que les “matériels exportés vers Israël ne sont pas des armes à proprement parler, mais des composants élémentaires”.
Cependant, il a omis de mentionner que ces composants sont utilisés dans des drones engagés dans les opérations à Gaza. De plus, l'État français a approuvé la livraison de pièces détachées pour des munitions de mitrailleuses, une information divulguée par Disclose en mars.
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Suspension de l’exportation
Il semble que l'exportation de matériel de guerre classé ML5, comme les transpondeurs de Thales, ait été suspendue sans annonce officielle. Une source douanière affirme que cette suspension n’a pas été rendue publique, laissant planer le doute sur les raisons réelles du gouvernement.
L’histoire de ce contrat secret entre la France et Israël commence le 2 mars 2023, lorsque Elbit Systems passe commande à Thales pour huit transpondeurs TSC 4000.
La première livraison, initialement prévue pour le 23 octobre 2023, a été retardée jusqu'au 17 novembre 2023, alors que l’offensive israélienne contre Gaza avait déjà commencé. Les six transpondeurs restants sont actuellement bloqués à l’aéroport de Roissy–Charles-de-Gaulle.
Les révélations de Disclose montrent une nouvelle fois que, malgré les déclarations du gouvernement français, sa position reste ambiguë, et que le matériel militaire fabriqué en France est effectivement utilisé pour commettre des crimes de guerre à Gaza.