La France reste évasive sur la nature du PKK, organisation reconnue comme terroriste par la Turquie, l’Union européenne et les États-Unis.
"Je ne commenterai pas la nature du PKK," a déclaré Lemoine, tout en insistant sur "la dette" de la France envers les "combattants kurdes qui ont joué un rôle clé" dans la lutte contre Daech.
PKK, YPG, FDS : des distinctions stratégiques et politiques
Le PKK est une organisation reconnue comme terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les États-Unis. Le PKK a établi sa branche syrienne, les YPG, qui constituent l’épine dorsale des "Forces démocratiques syriennes" (FDS).
Les FDS, soutenues militairement par les États-Unis et politiquement par des pays comme la France, sont souvent présentées aux États-Unis et en Europe comme un acteur clé dans la lutte contre Daech alors que la Turquie les considère comme une émanation directe du PKK. Cette équation, ignorée ou minimisée par Paris, alimente les tensions.
Christophe Lemoine a rappelé que la France soutient une transition politique inclusive en Syrie, incluant toutes les communautés. Il a également souligné la nécessité de respecter la diversité du pays : "La Syrie de demain doit pleinement respecter les groupes divers qui la composent."
Cependant, depuis plusieurs années, ce soutien ouvert aux FDS, sans distinction claire vis-à-vis du PKK/YPG, suscite des critiques. La Turquie considère cette approche comme un manquement à ses préoccupations sécuritaires. Paris, tout en reconnaissant ces "préoccupations légitimes," reste alignée aux positions de ses alliés occidentaux qui privilégient la coopération avec les FDS dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Le refus de commenter la nature du PKK traduit une ligne diplomatique ambiguë, oscillant entre engagement sécuritaire contre Daech et considérations géopolitiques plus larges, notamment la "pluralité" de la Syrie, un mot-valise dont le sens reste à déterminer.
Cette ambiguïté s’inscrit dans un contexte où les acteurs internationaux peinent à équilibrer soutien aux groupes armés présents en Syrie et préoccupations des États voisins. La Turquie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, avait réaffirmé cette semaine qu’elle n’hésiterait pas à agir militairement contre les groupes affiliés au PKK/YPG en Syrie.
Le ministre turc a souligné que "le PKK assure des services pénitentiaires aux États-Unis dans la lutte contre Daech", tout en ajoutant que des Européens capturés dans le cadre de cette lutte n'avaient pas été restitués à leur pays et qu'ils étaient donc "gardés" par le PKK.
Il a rappelé que le nouveau gouvernement syrien était prêt à assumer le contrôle des membres de Daech, avec le concours de pays et acteurs, y compris la Turquie.
La lutte contre Daech ne saurait être utilisée "comme excuse pour protéger" l'organisation terroriste PKK/YPG, a-t-il insisté.