A l'initiative des organisations syndicales, cette journée de contestation ambitionne de faire dérailler le projet du gouvernement qui prévoit, notamment, le report de l'âge légal de départ à la retraite, de 62 ans à 64 ans, en 2030.
Il s'agit d'un défi majeur pour Emmanuel Macron, alors que les sondages montrent qu'une grande majorité de Français sont opposés à ce projet de réforme. Le chef de l'Etat et son gouvernement entendent mener à bien des mesures présentées comme indispensables pour garantir la viabilité du système des retraites sur le long terme.
Cette grève nationale représente un test aussi pour les syndicats, moins influents qu'autrefois, qui espèrent transformer le mécontentement de la population à l'égard de ce projet, associé à la colère sur la baisse du pouvoir d'achat, en un vaste mouvement social qui se prolongerait au-delà de ce jeudi et ferait céder le gouvernement.
"Inflation, conditions de travail, retraites... Y en a ras-le-bol et c'est pour ça qu'on pense que ce sera très suivi", a déclaré Simone Legendre, membre du syndicat CFE-CGC, à propos de l'appel à la grève et à manifester.
Crédibilité
Pour Emmanuel Macron, au-delà de la maîtrise des dépenses publiques, c'est sa crédibilité réformatrice, tant au niveau national qu'européen, qui est en jeu.
Selon le ministère du Travail, la réforme permettrait de générer 17,7 milliards d'euros de recettes supplémentaires en 2030. Les syndicats estiment de leur côté que d'autres moyens existent pour assurer la viabilité du système des retraites.
"Le gouvernement affiche calme, détermination", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, appelant à éviter une paralysie du pays.
Aux yeux des syndicats, ce jeudi "noir" marque seulement un point de départ avant de nouvelles grèves et manifestations nationales.
"Ce que personne ne peut savoir, pas même les syndicats, c'est si les Français sont suffisamment en colère pour (...) bloquer le pays", a commenté Bruno Palier, professeur à Sciences Po.
Officiellement détaillé plus tôt ce mois-ci par la Première ministre Elisabeth Borne, le projet de réforme doit encore être présenté à l'Assemblée nationale, où Emmanuel Macron ne dispose plus de la majorité mais compte sur le soutien de la droite pour faire adopter le texte.
"Rien de bon"
Des fortes perturbations sont attendues ce jeudi dans les transports publics, avec notamment plusieurs lignes de métro et RER parisiens à l'arrêt. La SNCF a annoncé que seul un TGV sur trois, voire un sur cinq en fonction des rames, serait en circulation et que le réseau TER serait quasiment à l'arrêt.
S'agissant de l'enseignement, un instituteur sur dix a prévenu qu'il ferait grève, a indiqué le premier syndicat du primaire.
"C'est tout à fait injuste, il y a d'autres moyens de financer les retraites. Rallonger l'âge n'a aucun sens. Il n'y a rien de bon dans cette réforme", a estimé Rozenn Cros, une enseignante de Cannes.
Emmanuel Macron et plusieurs de ses ministres se trouveront ce jeudi à Barcelone pour une réunion avec le gouvernement espagnol.
"On est lucide, on n'est pas sûr que le gouvernement va céder, mais il faut tout tenter. Il faut tout faire pour le faire reculer. C'est maintenant ou jamais", a dit la syndicaliste Simone Legendre.
La CGT a prévenu que des coupures de courant ciblées contre des élus qui soutiendront la réforme des retraites pourraient être envisagées.
Le gouvernement a annoncé que 10.000 policiers et gendarmes seraient mobilisés pour assurer la sécurité et éviter tout débordement lors des manifestations.