Une séquence de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris vendredi dernier, a suscité une vive émotion dans les rangs des catholiques de France et du monde en particulier et des chrétiens en général.
Un tableau artistique vivant évoquant “La Cène” de Léonard de Vinci, avec une grande table autour de laquelle étaient assis des hommes habillés en femmes et maquillés de manière exagérée, ainsi qu'un mannequin transsexuel, a suscité l’indignation des prélats.
"La cérémonie d’ouverture proposée par le COJOP a offert hier (vendredi) soir au monde entier de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués. Cette cérémonie a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme, ce que nous déplorons très profondément", lit-on dans un communiqué, cosigné par les organisateurs des "Holy Games" -programme de l'Eglise catholique pour concilier sport et foi- et la Conférence épiscopale des Évêques de France.
Si les scènes ne sont pas précisément évoquées, un moment marquant de la cérémonie a été un tableau intitulé "Festivité" commençant par l'image d'un groupe à table, dont plusieurs drag queens, faisant penser à la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres.
"Nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes. Nous souhaitons qu’ils comprennent que la fête olympique se déploie très au-delà des partis pris idéologiques de quelques artistes", ajoutent la conférence des évêques et les organisateurs des "Holy Games".
Dans la même perspective, le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (CEMO) s’est offusqué dans un communiqué contre “l’outrage au Christ.”
Cet outrage “témoigne d'une ignorance totale des concepts de liberté et de dignité humaines, ce qui est très inquiétant pour l'avenir de l'humanité”, a ajouté le Conseil.
“La liberté, la diversité et la créativité ne sauraient justifier que l'on insulte les croyances des autres ou que l'on se moque d'eux, d'une manière qui n'a rien à voir avec les valeurs humaines”, a insisté le CEMO.
Al-Azhar offusqué
L’indignation s’est même étendue au monde musulman. Al-Azhar Al-Sharif, la plus grande institution religieuse d'Égypte a condamné, dimanche soir, les “scènes insultantes” pour Jésus lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, et a souligné que “l'insulte à Jésus ou à l'un des prophètes relève de l'extrémisme et d'une barbarie irréfléchie”.
Al-Azhar a mis en garde “contre le danger d'exploiter les évènements internationaux pour banaliser les insultes à la religion et promouvoir des maladies sociétales destructrices et honteuses telles que l'homosexualité et la transsexualité”.
Plusieurs pays du monde entier ont censuré des passages entiers de la cérémonie, à commencer par la performance du chanteur Philippe Katerine presque nu, recouvert de peinture bleue, sortant d’une cloche.
Dans les pays du Maghreb comme le Maroc et en Algérie, des diffuseurs ont projeté des images de la ville de Paris à la place des passages ”controversés”.
Aux États-Unis, NBC, principal diffuseur des Jeux Olympiques depuis 1988, a préféré diffuser des spots publicitaires et de soutien à l'équipe américaine lors de la diffusion en différé de la cérémonie d’ouverture des JO, rapporte le journal l’Équipe.
Aucune intention de manquer de respect
Pour sa part, le comité d'organisation des JO de Paris a expliqué dimanche qu'il n'y avait eu "aucune intention de manquer de respect à un groupe religieux" lors de la cérémonie d'ouverture vendredi soir sur la Seine.
"Il n'y avait jamais eu d'intention de manquer de respect à quelque groupe religieux que ce soit", a assuré dimanche Anne Descamps, directrice de la communication du Cojo, interrogée sur le sujet lors d'une conférence de presse.
Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d'ouverture, a de son côté démenti dimanche s'être "inspiré" de la Cène.
Etait-ce la Cène? Ce n'était "pas mon inspiration", a répondu Jolly. "Je crois que c'était assez clair, il y a Dionysos qui arrive sur cette table. Il est là, pourquoi parce qu'il est dieu de la fête (...), du vin, et père de Sequana, déesse reliée au fleuve".
"Vous ne trouverez jamais chez moi une quelconque volonté de moquerie, de dénigrer quoi que ce soit. J'ai voulu faire une cérémonie qui répare, qui réconcilie. Aussi qui réaffirme les valeurs de notre République", a-t-il déclaré sur BFMTV, dans le sillage de ses propos tenus la veille revendiquant le caractère "républicain" de cette cérémonie.