Les négociations indirectes se poursuivent au Caire, pour trouver une issue à la guerre qu’Israël mène contre les Palestiniens à Gaza. Avant l’entame des négociations directes, il se pose la question de savoir si Israël est prêt en cas d’accord de respecter un cessez-le-feu ? En a-t-il la volonté ?
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Lundi, quelques heures avant le déploiement de troupes israéliennes à Rafah, le Hamas avait donné son feu vert à une proposition présentée par les médiateurs.
Celle-ci, selon Khalil al-Hayya, un responsable du mouvement, comprend une trêve en trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien du territoire ainsi qu'un échange d'otages retenus à Gaza et de Palestiniens détenus par Israël, avec pour finalité un "cessez-le-feu permanent".
Israël a répondu que cette proposition était "loin de ses exigences" et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 ne serait pas anéanti.
Au moment où les médiateurs s’attèlent à trouver un terrain d’entente pour un retour à la paix, Tel-Aviv continue d’émettre des messages contradictoires.
Selon l'analyste palestinien Mkhaimar Abusada, de l'université Al-Azhar de Gaza, le moment choisi pour la prise de contrôle du passage de Rafah par Israël "pourrait montrer qu'il tente de saboter les pourparlers". "Cette prise de contrôle est aussi un symbole adressé au monde du fait que le Hamas n'a plus le contrôle", a-t-il abondé.
Un retour en arrière nous renseigne qu’Israël prend des libertés avec sa responsabilité internationale. Le pays a de toute évidence des problèmes avec le respect des décisions de justice, des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ou encore ses engagements internationaux.
Israël et la CIJ
Depuis janvier 2024, dans le cadre de la plainte déposée par l’Afrique du Sud accusant Israël de violer la Convention sur le génocide de 1948, la CIJ a émis deux ordonnances exigeant qu’Israël prenne des “mesures conservatoires” afin de fournir des services de base et une assistance humanitaire aux habitants de la bande de Gaza.
Sur le terrain, des nombreuses ONG, des organismes du système des nations unies et des pays comme l’Afrique du Sud, assurent qu’Israël ne respecte pas ses obligations. Ils mettent en avant des manquements à l’obligation de la prévention et de la répression du crime de génocide.
Les risques de famines et d’épidémies menacent les gazaouis.
La CIJ a émis le 26 janvier dernier une ordonnance obligeant Israël à “prendre sans délai des mesures effectives pour permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire requis de toute urgence”.
Résolutions du Conseil de sécurité
Deux mois plus tard, le 28 mars, pour contrer la”propagation de la famine”, le tribunal a émis une nouvelle ordonnance, obligeant Israël à fournir sans entrave, de l’aide humanitaire. Il lui était demandé l’ouverture de nouveaux points de passage.
Les fournitures essentielles dans les hôpitaux de Gaza comme les réservoirs d'oxygène, les générateurs, les réfrigérateurs et les équipements médicaux essentiels manquent aussi, du fait des tracasseries israéliennes. Des ONG comme Oxfam ou Médecins sans frontières déplorent cette situation.
Outre les ordonnances de la CIJ, Israël refuse systématiquement d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
La résolution du Conseil de sécurité du 25 mars exigeant "un cessez-le-feu immédiat à Gaza" pendant le mois du Ramadan" en perspective d’un "cessez-le-feu durable" et de la "libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages" n’a pas non plus été respectée par Israël.
Le boycott par Israël des ordonnances contraignantes de la CIJ ou des résolutions du Conseil de sécurité, sont autant de signes, pour des analystes comme Mkhaimar Abusada, de l’absence d’une volonté de la part d’Israël d’appliquer un accord de cessez-le-feu à Gaza.
Le ministre des Finances israélien d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a estimé mardi que l'envoi d’une délégation au Caire pour les négociations était une ‘’erreur’’, appelant les responsables israéliens à ne pas céder à la pression internationale. Cette stratégie semble avoir la faveur du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, considéré dans le monde arabe comme un faucon, véritable obstacle à un accord de paix à Gaza.