Aucun bilan n'a été communiqué mais des sources médicales dans le territoire palestinien ont dit craindre un grand nombre de victimes et des dégâts important à la suite de ces bombardements.
L'ONU a également dit craindre une "avalanche de souffrances humaines" dans le territoire palestinien assiégé, et l'Assemblée générale de l'organisation internationale a adopté vendredi une résolution réclamant "une trêve humanitaire immédiate". Un texte non-contraignant salué par le Hamas mais rejeté par Israël, qui continue à pilonner Gaza et à y mener des incursions terrestres.
"Nous faisons face à des incursions israéliennes au sol à Beit Hanoun (nord) et al-Boureij (centre). De violents combats sont en cours", a affirmé la branche militaire du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, vendredi soir dans un communiqué.
Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que les forces israéliennes opéraient "à l'intérieur de la bande de Gaza comme elles l'ont fait" en conduisant une incursion la nuit précédente.
Vendredi soir, le ciel au-dessus de la bande de Gaza, où vivent quelque 2,4 millions d'habitants privés de tout, était rouge et orange, embrasé par les explosions et les couleurs des incendies déclenchés par les frappes.
Ces frappes, que l'armée israélienne a annoncé vendredi avoir intensifiées "d'une manière très significative", ont atteint une ampleur inédite depuis le début de la guerre.
La coupure des communications risque de cacher "des atrocités de masse"
Dans le même temps, les communications et internet ont été coupés à Gaza. Ce territoire soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis plus de 16 ans, est placé depuis le 9 octobre en état de "siège total" par Israël, qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.
Le Croissant Rouge palestinien et plusieurs agences de l'ONU, dont l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont dit avoir perdu contact avec leurs équipes à Gaza.
"Cette coupure de l'information risque de servir de couverture à des atrocités de masse et de contribuer à l'impunité des violations des droits humains", a averti une responsable de l'organisation Human Rights Watch (HRW), Deborah Brown. Dans un communiqué, elle a aussi déploré que la coupure "empêche les habitants de Gaza de communiquer avec leurs proches et d'accéder à des services médicaux vitaux".
Parmi les personnes n'ayant plus de nouvelles de leurs familles figurent le Premier ministre écossais Humza Yousaf, ou encore le membre du Congrès américain Justin Amash, dont plusieurs proches sont bloqués à Gaza, ont-ils fait savoir sur X (ex-Twitter).
Les services de santé s'effondrent
"Sans un changement fondamental, la population de Gaza va subir une avalanche sans précédent de souffrances humaines", avait auparavant alerté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
"Beaucoup plus" de gens vont "bientôt mourir" en raison du siège imposé par Israël à Gaza depuis le 9 octobre, a affirmé à Jérusalem le patron de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.
"Les services de base s'effondrent, les réserves de médicaments, de nourriture et d'eau s'épuisent, les égouts commencent à déborder dans les rues de Gaza", a-t-il décrit.
"L'odeur de la mort est partout, dans chaque quartier, chaque rue et chaque maison", rapporte un médecin de Gaza, Raëd Al-Astal.
"C'est un enfer sur Terre", lançait jeudi 26 octobre Natalie Boucly, commissaire générale adjointe de l’UNRWA. Elle expliquait notamment que parmi les 22 centres de santé de l'UNRWA à Gaza, "huit sont encore opérationnels". "La situation sur place est absolument catastrophique. Je ne sais pas par où commencer, s'alarme-t-elle, nous avons 600 000 déplacés qui ont trouvé refuge dans nos locaux dans la bande de Gaza. Ce sont des locaux qui n'étaient absolument pas construits pour accueillir autant de personnes".
Appels à épargner les civils
Une offensive terrestre dans la bande de Gaza surpeuplée inquiète la communauté internationale.
"Le résultat serait une catastrophe humanitaire aux proportions colossales pour les années à venir", a jugé le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi.
Depuis le 21 octobre, 84 camions d'aide humanitaire sont arrivés depuis l'Egypte dans la bande de Gaza, selon l'ONU, quand il en faudrait au moins cent par jour.
"Ces quelques camions ne sont rien d'autre que des miettes qui ne feront aucune différence" pour la population, a lancé Philippe Lazzarini, le chef de l'UNRWA. Cette organisation a annoncé avoir "réduit ses opérations de manière significative", en raison des bombardements et du manque de carburant. Douze des 35 hôpitaux de la bande de Gaza ont dû fermer.
Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle la population du nord du territoire, où les bombardements sont les plus intenses, à évacuer vers le sud. Mais les frappes continuent aussi de toucher la partie méridionale de Gaza, près de la frontière égyptienne fermée.
La communauté internationale redoute un embrasement régional, alors que l'Iran a lancé plusieurs avertissements aux Etats-Unis. La tension est très vive aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de cent Palestiniens ont été tués dans des violences depuis le 7 octobre, ainsi qu'à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah.
Le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que 7.326 personnes, en majorité des civils dont plus de 3.000 enfants, ont été tuées à Gaza dans les bombardements depuis le 7 octobre alors que plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël.