Israël continue jeudi à pilonner sans relâche la bande de Gaza après avoir juré d'"écraser" et de "détruire" le Hamas.
Au sixième jour de la guerre qui a déjà fait des milliers de morts, les frappes israéliennes se sont poursuivies durant la nuit contre la bande de Gaza, d'où sont parties plusieurs salves de roquettes vers le sud d'Israël. Le tout à quelques heures de l'arrivée en Israël du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pour une visite de soutien à son allié.
"Tout membre du Hamas est un homme mort", a lancé mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une première allocution solennelle avec son gouvernement d'urgence, formé le même jour avec Benny Gantz, un des principaux chefs de l'opposition.
Lors de l'opération du Hamas, le mouvement a pris plusieurs dizaines d'otages israéliens, étrangers et binationaux.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)a indiqué jeudi qu'il était en contact avec le Hamas pour œuvrer à la libération des otages
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi lancé un processus de négociations avec le mouvement..
Le Hamas a libéré mercredi dans la nuit une femme israélienne capturée ainsi que ses deux enfants. Une vidéo diffusée par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera montre une femme portant une veste bleue et rose s'approchant d'un enfant et les deux s'embrassant alors que les combattants du Hamas s'éloignent. Ils semblent être proches de la clôture de la frontière de Gaza.
Les autorités israéliennes recensent 150 otages, alors que des centaines de personnes sont encore portées disparues et des corps toujours en cours d'identification.
Israël a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de l'enclave palestinienne et à sa frontière nord avec le Liban, d'où le Hezbollah, allié du Hamas, lance régulièrement des attaques de roquettes.
La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où s'entassent 2,3 millions d'habitants qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2006, est désormais en état de siège, privée d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.
L'unique centrale électrique de l'enclave s'est arrêtée mercredi après-midi, faute de carburant, et les hôpitaux sont débordés et manquent de matériel.
Fabrizio Carboni, le directeur régional du CICR pour la région Proche et Moyen-Orient, a demandé aux deux camps de "réduire les souffrances des civils", et notamment ceux dans la bande de Gaza.
"Sans électricité, les hôpitaux risquent de se transformer en morgues", a-t-il affirmé dans un communiqué, disant craindre notamment pour les nouveaux-nés placés dans des incubateurs et les patients sous oxygène ou sous dialyse.
Du côté israélien, le porte-parole de l’armée a indiqué qu’aucune décision n’a encore été prise concernant une incursion terrestre mais qu'Israël s’y prépare.
"Nous nous préparons pour les prochaines étapes. Nous avons frappé un grand nombre de cibles", a déclaré jeudi à l'aube le porte-parole de l'armée israélienne Jonathan Cornicus.
Au cours des dernières 24 heures, il y a eu "moins de roquettes" tirées vers Israël et "c'est toujours un bon signe", a-t-il noté.
A Gaza, les bombardements ont touché des dizaines d'immeubles, des usines, des mosquées et des magasins, d'après le Hamas. Des femmes, leurs enfants dans les bras, fuyaient entre les décombres, dans des rues dévastées.
"C'est comme une apocalypse ou un tremblement de terre (...) Ils (les Israéliens) sont venus pour détruire, comme si ces gens ne méritaient pas de vivre. Comme s'ils n'étaient pas des humains", a affirmé au milieu des ruines un habitant du quartier de Karama à Gaza, qui n'a pas voulu donner son nom.
Plus de 338.000 personnes ont été déplacées par les frappes contre l'enclave, selon l'ONU.
Les concentrations de troupes à la frontière font craindre une offensive terrestre contre l'enclave, dont Israël s'était retiré unilatéralement en 2005 et qui est gouvernée par le Hamas depuis 2007.
Une perspective terrifiante de combats au cœur d'une ville à l'extrême densité de population, dans des souterrains et en présence d'otages.
"Quand on rentre dans Gaza, on ne sait jamais dans quel état on en ressortira", affirme le commentateur politique Akiva Eldar.
Depuis samedi, 29 Palestiniens ont par ailleurs été tués dans en Cisjordanie.
Blinken en Israël
Sur le plan diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu jeudi en Israël pour une visite de solidarité. "Nous sommes déterminés à nous assurer qu'Israël obtienne tout ce dont il a besoin pour se défendre", a-t-il déclaré avant son départ.
Le président américain Joe Biden a toutefois demandé à Israël de respecter "le droit de la guerre" dans sa riposte contre Gaza.
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et le président iranien Ebrahim Raïssi, dont le pays a applaudi l'opération du Hamas, se sont pour leur part parlés au téléphone mercredi.
Mohammed Ben Salmane a déclaré au président iranien que Ryad "communique avec toutes les parties internationales et régionales pour mettre fin à l'escalade en cours", selon l'agence de presse officielle saoudienne SPA. Il a également souligné "la position ferme du royaume en faveur de la cause palestinienne".
Le Brésil, qui préside actuellement le Conseil de sécurité de l'ONU, a convoqué pour vendredi une nouvelle réunion. Lors d'une précédente réunion d'urgence le 8 octobre, les membres du Conseil n'étaient pas parvenus à un consensus pour condamner unanimement l'attaque du Hamas.