Israël fouille le principal hôpital de Gaza, les communications sont hors service
L'armée israélienne intensifie vendredi sa traque dans le plus grand hôpital de Gaza, territoire palestinien où la situation humanitaire inquiète et où les télécommunications sont désormais hors service, faute de carburant.
Israël fouille le principal hôpital de Gaza, les communications sont hors service (Others)

Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient "détruit" plusieurs services de l'hôpital al-Chifa, un immense complexe situé dans la ville de l’enclave encerclée.

Le raid lancé mercredi dans l'hôpital al-Chifa, privé d'eau et d'électricité, abritant des malades, du personnel soignant et des civils qui espéraient fuir la guerre, a suscité des appels pressants de la communauté internationale à protéger la population. Selon l'ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l'hôpital.

"Fouille de chaque étage"

Depuis plusieurs jours, Israël resserre son étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme des "boucliers humains".

Un responsable de l'armée israélienne a annoncé que les soldats procédaient "à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment alors que des centaines de patients et de membres du personnel médical se trouvent encore dans le complexe".

"Nous nous focalisons sur ce qu'il y a sous terre, y compris dans les hôpitaux. A ce titre, nos soldats ont découvert l'entrée d'un tunnel à l'hôpital al-Chifa et des ingénieurs militaires sont actuellement en train de déterrer l'infrastructure sur place", a déclaré tard jeudi soir le porte-parole Daniel Hagari.

Israël considère que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément le mouvement.

"Nous avions de fortes indications selon lesquelles ils (les otages, ndlr) étaient détenus à l’hôpital al-Chifa, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous y sommes entrés. Si les otages étaient bien sur place, ils ont été transportés", a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la chaîne américaine CBS.

"Négociations délicates"

En Israël, la pression s'accentue sur Netanyahu concernant la question des otages. Une marche des proches des otages partis mardi de Tel-Aviv pour réclamer un accord sur leur libération, doit arriver vendredi à Jérusalem, alors que des pourparlers se tiennent via une médiation du Qatar.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a demandé la "libération immédiate" des otages, lors d'une visite jeudi à Beeri, où au moins 85 personnes avaient été tuées et une trentaine d'autres enlevées le 7 octobre.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit "en contact avec le Hamas, avec d'autres parties internationales concernées et avec Israël", les négociations en cours sont "très délicates".

Israël a jusqu'ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël "n'a atteint aucun de ses objectifs" et n'obtiendra "la libération de ses prisonniers qu'au prix que la résistance fixera".

Communications "totalement coupées"

Depuis le 9 octobre, Israël a imposé un "siège complet" au territoire palestinien, coupant les livraisons d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

L'aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l'Egypte, en quantité insuffisante selon l'ONU, qui réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux.

Le directeur de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a affirmé jeudi à Genève que les communications étaient à nouveau "totalement coupées" avec la bande de Gaza, faute de carburant.

"Tous les services de télécommunications dans la bande de Gaza sont désormais hors service car les sources d'énergie alimentant le réseau sont épuisées et le carburant n'est pas autorisé à entrer", a indiqué l'opérateur de télécoms palestinien Paltel, dans un communiqué diffusé jeudi en fin de journée.

"Risque immédiat de famine"

"Nous n'avons ni électricité ni eau potable ni nourriture (...) Des milliers de femmes, d'enfants, de malades et de blessés sont en danger de mort", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh.

"Avec l'hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d'eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine", a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l'opposition israélienne qui a rejoint le cabinet de guerre de M. Netanyahu, "à propos des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l'aide humanitaire indispensable vers Gaza", selon Washington.

En Israël, environ 1.200 personnes ont été tuées, dans l'attaque lancée le 7 octobre par des commandos du Hamas depuis la bande de Gaza.

Depuis l'attaque, 51 soldats ont été tués dans le territoire palestinien, selon l'armée israélienne qui estime à environ 240 le nombre d'otages emmenés par le Hamas à Gaza.

Les bombardements israéliens dans la bande de Gaza ont fait 11.500 morts, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.710 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Agences