"L'avenir des Palestiniens est en jeu. L'avenir des Palestiniens qui se trouvent encore à Gaza dépend de la décision que prendra la Cour sur cette question”, a indiqué la délégation sud-africaine lors de la première session de la Cour internationale de Justice qui examine la demande de l’Afrique du Sud de juger Israël pour genocide.
La délégation a souligné que les massacres de Palestiniens à Gaza constituaient un "modèle de comportement calculé par Israël indiquant une intention génocidaire".
Adila Hassim, l'une des avocates de la délégation, a spécifié, lors du premier jour de l'audience, que l'affaire de génocide "met en évidence l'essence même de notre humanité partagée telle qu'elle est exprimée dans le préambule de la Convention sur le génocide".
"Les génocides ne sont jamais déclarés à l'avance, mais cette cour bénéficie des 13 dernières semaines de preuves qui montrent de manière incontestable un modèle de comportement et d'intention qui justifie une allégation plausible d'actes génocidaires", a-t-elle déclaré.
La présidente de la CIJ, Joan E. Donoghue, a rapporté que l'Afrique du Sud soutient que les attaques israéliennes contre Gaza "ont un caractère génocidaire".
"Aucune attaque armée sur le territoire d'un État, aussi grave soit-elle (...) ne peut justifier une violation de la Convention", a affirmé le ministre sud-africain de la Justice, Ronald Lamola, devant la Cour.
"La réponse d'Israël à l'attaque du 7 octobre a franchi cette ligne et a donné lieu à des violations de la Convention", a-t-il soutenu devant la quinzaine de magistrats de la CIJ présents à l'audience, retransmise publiquement par lien vidéo.
La délégation a également demandé à la CIJ de ne pas hésiter à imposer des mesures conservatoires, vu qu’elle ne l'a pas fait dans le cas du génocide contre les Rohingyas au Myanmar, affirmant que la situation à Gaza méritait également l'intervention de la Cour.
Israël accusé par l'Afrique du Sud de "génocide" devant la plus haute cour de l'ONU
Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, soutient depuis longtemps la cause palestinienne. L'ancien président sud-africain et héros de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela, avait ainsi affirmé que la liberté de l'Afrique du Sud serait "incomplète" sans celle des Palestiniens.
Le dossier de 84 pages déposé par l'Afrique du Sud accuse Israël d'actes et d'omissions "à caractère génocidaire, car ils sont commis avec l'intention spécifique requise [...] de détruire les Palestiniens de Gaza en tant que partie du groupe national, racial et ethnique palestinien au sens large".
Les actes génocidaires d'Israël comprennent le meurtre de Palestiniens, leur causant de graves dommages corporels et mentaux, l'expulsion massive de maisons et le déplacement, l'imposition de mesures visant à empêcher les naissances palestiniennes et la privation de l'accès à une nourriture adéquate, à l'eau, à un abri, à l'assainissement et à l'assistance médicale.
La délégation sud-africaine est dirigée par le ministre de la justice, Ronald Lamola, et sera rejointe par des personnalités politiques de premier plan issues de partis et de mouvements progressistes du monde entier.
Manifestation en Afrique du Sud en soutien au recours de Pretoria
Des dizaines de manifestants se sont retrouvés ce jeudi au Cap et d'autres rassemblements sont prévus en Afrique du Sud pour soutenir la plainte de Pretoria pour "génocide" contre Israël, au premier jour de l'audience à La Haye devant la Cour internationale de Justice.
Les avocats de Pretoria présentent leur dossier devant la plus haute juridiction de l'ONU, pour exhorter ses juges à ordonner d'urgence à Israël de "suspendre immédiatement ses opérations militaires" dans la bande de Gaza.
Sur les marches de la Haute Cour du Cap, des manifestants pro-palestiniens brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Arrêtez le génocide" et "Boycottez l'apartheid israélien". Certains ont scandé "Palestine libre".
"L'important pour nous est qu'il y ait un cessez-le-feu, que les actions militaires cessent à Gaza", a expliqué à l'AFP Seehaam Samaai, un des manifestants.
D'autres rassemblements sont prévus au Cap plus tard dans la journée, ainsi qu'à Pretoria notamment.