Intenses bombardements israéliens à Rafah, Aïd morose
La guerre fait rage à Rafah, où Israël fait face à une farouche résistance des combattants du Hamas, alors que la fête de l'Aïd est vécue dans la morosité.
Aïd morose au milieu des pénuries et des bombardements israéliens / Photo: AA (AA)

Des habitants de Gaza ont fait état, samedi, d’intenses bombardements et combat entre forces israéliennes et résistants palestiniens à Rafah, grande ville du sud du territoire palestinien, et ses environs. L'armée israélienne a indiqué que huit soldats avaient péri dans ce secteur.

L'armée a indiqué une “pause tactique”dans la région de Rafah à 8h00 (05h00 GMT, 1h00 heure de l'Est) qui resterait en vigueur jusqu'à 19h00 (16h00 GMT, midi heure de l'Est). Les pauses auraient lieu tous les jours jusqu'à nouvel ordre d'après l'armée.

La pause vise à permettre aux camions d'aide d'atteindre le point de passage voisin de Kerem Shalom, contrôlé par Israël , pour atteindre certains points de Gaza.

La pause, d'après l'armée israélienne, sera coordonnée avec l'ONU et les agences d'aide internationales. Le passage souffre d'un goulot d'étranglement depuis que les troupes terrestres israéliennes ont étendu leur offensive jusqu'à Rafah, début mai.

- Aïd morose -

L'armée israélienne a lancé une opération terrestre sur la ville de Rafah le 7 mai, suscitant de vives réprobations de la communauté internationale qui craignait pour le sort de la population civile, massée dans cette ville après avoir largement été déplacée par les combats ailleurs.

Depuis le début de l'opération terrestre dans le reste de la bande de Gaza, le 27 octobre, 306 soldats israéliens ont été tués - dont les huit militaires morts ce samedi, l'un des pires bilans pour l'armée israélienne au cours d'une seule journée.

Aïd au milieu des bombardements . (AA)

Des images de l'AFPTV, diffusées samedi, montrent des rues désertes à Rafah, ville par ailleurs en proie à une crise humanitaire majeure, comme dans le reste du territoire. La famine menace la bande de Gaza où 75% des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, selon l'ONU.

Alors qu'ailleurs dans le monde, les musulmans s'apprêtent à célébrer, à partir de ce dimanche, l'Aïd al-Adha, la grande fête musulmane, les Palestiniens de Gaza déplorent les multiples pénuries de produits de première nécessité dans le territoire assiégé.

Du reste, l'interdiction imposée par Israël sur l'entrée des animaux sacrificiels prive des centaines de milliers de familles à Gaza de la possibilité d'observer l'Aïd al Adha et d'accomplir les rituels en vigueur dans le cadre des pratiques religieuses islamiques, a déclaré le bureau des médias de Gaza.

Dans un communiqué publié à la veille de l'Aïd al Adha, le bureau a déclaré que “les forces d'occupation ont commis un nouveau crime“ en empêchant l'entrée des animaux sacrificiels en fermant tous les passages à Gaza, y compris l'occupation et la fermeture du poste frontière de Rafah et le Passage de Karem Abu Salem.

Depuis le début de l’offensive à Gaza lancée par l'armée israélienne, 37.296 personnes ont trouvé la mort, majoritairement des civils, selon des données émises, samedi, par le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

En marge du sommet du G7 qui s'achève, samedi, en Italie, M. Biden a reproché au Hamas de bloquer l'offre de cessez-le-feu sur la table.

- Violences dans le nord -

"J'ai soumis une proposition approuvée par le Conseil de sécurité, par le G7, par les Israéliens, et le principal obstacle à ce stade est le Hamas qui refuse de signer, même s'ils ont proposé quelque chose de similaire", a déclaré, jeudi, M. Biden.

Le plan de trêve annoncé le 31 mai par le président des Etats-Unis, principal allié d'Israël, prévoit dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération d’un groupe important d’otages retenus à Gaza et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.

M. Biden a présenté ce plan comme émanant d'Israël. Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu l'a jugé incomplet, réaffirmant la détermination de son gouvernement à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas et la libération de tous les otages.

La seule trêve conclue jusqu'ici, fin novembre, avait duré une semaine et permis la libération de 105 otages, parmi lesquels 80 Israéliens et binationaux, échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.

Manifestations à Tel-Aviv

Samedi soir à Tel-Aviv, des milliers de manifestants et des proches des otages ont une nouvelle fois manifesté pour réclamer leur libération et dénoncer la gestion de la guerre par le gouvernement de M. Netanyahu.

"Chaque soldat qui meurt, c'est comme si quelqu'un de notre famille mourrait. Nous le vivons comme une perte collective", a dit ,à l'AFP, Graciela Barchilon, une manifestante de 68 ans.

Le Hamas a lui transmis aux pays médiateurs --Qatar, Egypte et Etats-Unis-- une première réponse, qui selon une source proche des discussions, contient des "amendements" au plan, incluant "un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait total des troupes israéliennes de Gaza". Des exigences qu'Israël a toujours rejetées.

Les craintes d'une extension du conflit au-delà de la bande de Gaza se sont accentuées ces derniers jours. Le mouvement de résistance libanais Hezbollah, allié du Hamas, a indiqué que ses frappes intenses depuis mercredi sur le territoire israélien étaient une riposte à l'assassinat par Israël de l'un de ses commandants.

Samedi encore, les belligérants ont échangé de nouveaux tirs à la frontière, un mouvement palestinien faisant état d'un mort dans ses rangs dans une frappe israélienne.

Au cours d'une nouvelle tournée au Moyen-Orient cette semaine pour promouvoir le plan de cessez-le-feu, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a déclaré que "la meilleure façon" de contribuer à la résolution des violences entre le Hezbollah et Israël était "de résoudre le conflit à Gaza et d'obtenir un cessez-le-feu".

TRT Français et agences