HCDH: le déplacement forcé depuis Rafah “viole le droit international“
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a affirmé que “le droit international humanitaire interdit d'ordonner le déplacement de civils pour des raisons liées au conflit“.
Des Palestiniens se préparent à évacuer après que les forces israéliennes ont lancé une opération terrestre et aérienne dans la partie est de Rafah / Photo: Reuters (Reuters)

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH), ce mardi, il existe de "fortes indications" selon lesquelles le déplacement forcé de personnes sous la menace d'attaques israéliennes de la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, est "mené en violation du droit international".

"Des gens sont à nouveau déplacés de force, parfois pour la quatrième, cinquième ou sixième fois, vers des endroits qui ne sont pas sûrs", a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, lors d'un point de presse de l'ONU à Genève. Rafah est le dernier refuge pour plus d'un million de Palestiniens, contraints de fuir en raison des attaques incessantes d'Israël dans les parties nord de Gaza.

Shamdasani a souligné que parmi les personnes forcées de déménager figurent, désormais, celles qui sont devenues handicapées suite à sept mois d'hostilités, certaines ont besoin de traitements de dialyse. Le nombre de personnes en situation de handicap, aux besoins si divers, est élevé et elles se réinstallent dans des endroits qui manquent d'infrastructures ou de ressources pour pouvoir accueillir leur déplacement.

"Le droit international humanitaire interdit d'ordonner le déplacement de civils pour des raisons liées au conflit, à moins que la sécurité des civils ne soit impliquée", a déclaré la porte-parole du HCDH, soulignant qu'Israël a des "obligations strictes" en vertu du droit international humanitaire d'assurer la sécurité et l'accès des individus à des soins médicaux, à une nourriture adéquate, à de l’eau potable et à des installations sanitaires.

“Le non-respect de ces obligations peut équivaloir à un déplacement forcé, ce qui constitue un crime de guerre“, a-t-elle précisé, avant d’ajouter : "Il y a de fortes indications que cette (délocalisation) est menée en violation du droit international".

Pour rappel, l'armée israélienne a émis, dans la journée du lundi, des ordres d'évacuation immédiate à l’adresse des Palestiniens résidant dans les quartiers est de Rafah.

Rafah abrite plus de 1,5 million de déplacés palestiniens qui y ont trouvé refuge pendant la guerre menée par Israël à la suite de l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 qui aurait fait près de 1 200 morts israéliens.

Depuis cette date, l’offensive israélienne a tué au moins 34 789 Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, en plus de provoquer une catastrophe humanitaire.

Près de sept mois après le début de la guerre israélienne, de vastes agglomérations de Gaza sont désormais en ruine, contraignant 85% de la population de l’enclave au déplacement interne, sur fond d’un état de siège paralysant l’entrée de la nourriture, de l’eau potable et des médicaments, selon l’ONU.

L'État hébreu est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice, qui a stipulé dans sa décision rendue, en janvier dernier, qu'il était “plausible“ qu'Israël commettait un génocide à Gaza et a ordonné à Tel-Aviv de mettre fin à de tels actes et de prendre des mesures pour garantir l’arrivée de l'aide humanitaire aux civils.

AA