Gel de l’aide américaine, potentielle catastrophe en Afrique
Le gel de l’aide américaine pour 90 jours et la fermeture de l’USAID risquent d'entraîner des drames en Afrique. À commencer par les malades du VIH.
Manifestation à Washington contre la fermeture de l'USAID. / Photo: Reuters (Reuters)

La décision du président américain Donald Trump de suspendre tous les programmes d'aide étrangère des États-Unis pendant 90 jours, en attendant que soit examinée la cohérence de ces programmes avec sa politique, et de fermer l’USAID, risque d’avoir des effets dramatiques en Afrique.

Au Cameroun, le programme Sacare, qui soutient les efforts du gouvernement dans la riposte contre le VIH, a été suspendu depuis le 29 janvier dernier. Il ne reprendra qu'après “une autorisation de l'exécutif américain”, explique un communiqué officiel.

En conséquence, la vie d’au moins 300 000 personnes est menacée par la décision du nouveau président américain qui gèle ainsi le Plan d’urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR).

Cette initiative, lancée en 2003 par le président George W Bush et gérée par l’USAID, a sauvé la vie d’au moins 26 millions de personnes atteintes de VIH dans le monde et permis la naissance d’au moins 5 millions de bébés.

La suspension du PEPFAR apparaît comme un arrêt de mort programmé pour de nombreux Africains vivant avec le VIH/SIDA, avec des risques de propagation accrue du virus et de mortalité liée à la maladie.

L’Afrique du Sud impactée

Pour l’Afrique du Sud, où 14% de la population est séropositive, le gel de l’aide américaine risque de compromettre la lutte contre le VIH.

Ce gel “va faire reculer l’Afrique du Sud et le monde entier sur les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH“, déclare Anele Yawa, responsable de la campagne Treatment Action au journal Le Devoir. “Les gens vont être laissés pour compte en termes de prévention, de traitement et de soins”.

Le Pepfar représente en effet 17% du budget sud-africain consacré au VIH. Il a permis à 5,5 millions de personnes de bénéficier d’un traitement antirétroviral, selon le ministère de la Santé, qui promet néanmoins de compenser la perte de financements américains.

L'accès à l’eau compromis

Outre la santé, La Facilité africaine de l'eau, un programme exclusivement dédié aux questions d'eau et d'assainissement en Afrique doté de 3 millions de dollars d’aide américaine, est tout aussi compromis.

400 millions d’Africains n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 700 millions d’autres ne disposent pas d’installations sanitaires décentes, d'après la Banque africaine de développement qui gère le programme.

Dans le cadre de sa stratégie 2022-2027, l'USAID vise à offrir, en cinq ans, l’accès à l’eau potable à 22 millions de personnes et des installations sanitaires à 22 millions de personnes.

La Facilité africaine de l'eau aide les pays du continent à atteindre les cibles fixées par les Objectifs de développement durable liés à l'eau et la Vision africaine de l'eau 2025.

En Afrique, le public s’interroge : le gel de l’aide humanitaire américaine sera-t-il définitif ? On attendra le 22 avril prochain pour le savoir précisément, même si la fermeture brutale de l’USAID créé en 1961 par J.F. Kennedy n’est pas de bon augure.

TRT Français et agences