Gaza: le président de l'Union juive française pour la paix accuse l’UE et Washington de complicité
Richard Wagman, président d'honneur de l'UJFP, accuse les puissances mondiales, en particulier les États-Unis et l'UE, de soutenir indirectement l'offensive israélienne à Gaza, malgré les destructions massives et les milliers de victimes.
Une jeune fille marche dans les décombres d'un bâtiment effondré à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza./ Photo: AFP (AFP)

Dans une interview avec Anadolu, Richard Wagman, président d'honneur de l'Union juive française pour la paix (UJFP), a dénoncé la "complicité" d'une partie de la communauté internationale dans les attaques israéliennes à Gaza, notamment à travers leur soutien militaire et financier à Israël.

Pour Wagman, les États-Unis et l'Union européenne jouent un rôle central dans le prolongement de la guerre à Gaza, en refusant d'exercer la pression nécessaire pour stopper les violences.

"Les États-Unis sont le principal fournisseur d'armes d'Israël, et tant que ce soutien continuera, Israël se sentira légitimé à poursuivre ses actions militaires", a-t-il affirmé. Le soutien militaire américain est, selon lui, l'un des piliers qui permet à l'armée israélienne de maintenir son offensive sans craindre de conséquences sur la scène internationale.

Il souligne également l'absence de sanctions ou de mesures concrètes de la part de l'Union européenne, malgré les violations des droits de l'homme à Gaza. "L'Europe pourrait faire beaucoup plus, mais elle choisit de fermer les yeux", déclare-t-il, mettant en évidence la passivité des gouvernements européens face à une crise humanitaire qu'ils pourraient influencer. Wagman fustige cette attitude, qu'il interprète comme une "complicité" par le silence et l'inaction.

Le rôle des États-Unis et de l'Europe dans le prolongement de la guerre

L'un des aspects les plus préoccupants de cette inaction, selon Wagman, est l'absence de pression diplomatique forte de la part des gouvernements occidentaux. Alors que des sanctions économiques pourraient être appliquées ou des efforts diplomatiques entrepris pour contraindre Israël à mettre fin aux violences, aucun de ces moyens n'est utilisé. Wagman insiste : "Les États-Unis et l'Europe ne font rien pour arrêter ce massacre, ils se contentent de paroles creuses, tandis que les bombardements continuent".

Ce manque de réaction internationale, selon Wagman, conforte le gouvernement israélien dans sa stratégie militaire. Il critique notamment l'idée que les actions israéliennes sont légitimes au regard du soutien inconditionnel que lui accordent ces grandes puissances. "La communauté internationale a le pouvoir de changer la donne, mais elle préfère rester complice par son silence", a-t-il ajouté, visiblement frustré par cette situation qui alimente la spirale de la violence.

La légitimité de la résistance palestinienne

Wagman aborde également la question de la "légitimité" des actions du Hamas, soulignant que l'attaque menée le 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël était, dans son essence, une forme de "résistance" contre l'occupation israélienne. "Les combattants palestiniens ont attaqué des installations militaires israéliennes, des bases de l'armée et des commissariats de police. C'était une réponse légitime face à l'occupation militaire", a-t-il déclaré.

Cependant, Wagman n’hésite pas à condamner fermement les actions du Hamas contre les civils israéliens, en soulignant que les actes commis par le groupe lors des attaques dans les kibboutz et lors du festival Nova sont inacceptables. "Ils ont ciblé des civils, y compris des femmes et des enfants. Cela, c’est un crime de guerre, et cela ne peut être justifié, même dans un contexte de résistance", affirme-t-il.

Malgré cela, Wagman appelle à un examen des causes profondes du conflit. Il rappelle que les actions du Hamas s’inscrivent dans le cadre d’une "occupation militaire prolongée" et de décennies de colonisation et de blocus imposés à Gaza. Pour lui, la responsabilité du cycle de la violence repose en grande partie sur Israël qui persiste à refuser de négocier des solutions politiques viables pour mettre fin à l’occupation.

L'inaction occidentale et ses conséquences

Selon Wagman, l'inaction occidentale et le soutien militaire à Israël exacerbent la crise humanitaire à Gaza. Les milliers de morts, la destruction des infrastructures, et le blocus qui étouffe la population civile sont autant de signes que le monde ferme les yeux sur une véritable catastrophe humanitaire. "Il ne suffit pas de condamner en paroles, il faut agir, et cela passe par des sanctions économiques et diplomatiques", a-t-il insisté.

Il met également en lumière les conséquences pour la population gazaouie, déjà lourdement affectée par des années de blocus. "Les Gazaouis ne sont pas seulement tués par les bombes, mais aussi par la privation de ressources essentielles. Ils manquent d'eau, d'électricité, de médicaments et de carburant. C'est une crise de survie quotidienne qui s’aggrave à cause de l'inaction de la communauté internationale", a-t-il ajouté, soulignant que la situation humanitaire se détériore de jour en jour.

Wagman conclut en appelant à une mobilisation internationale immédiate pour cesser cette guerre et garantir un soutien humanitaire massif aux civils palestiniens. Il insiste sur le fait que la paix ne pourra être obtenue sans une réelle reconnaissance des droits des Palestiniens et un engagement pour mettre fin à l'occupation et au blocus de Gaza.

Les bombardements israéliens se poursuivent depuis plus de 11 mois dans la bande de Gaza, suite à une attaque transfrontalière du Hamas le 7 octobre 2023. Plus de 42.500 Palestiniens, essentiellement des enfants et des femmes, ont été tués dans la guerre menée par Israël, et plus 95.000 autres blessés, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza.

Israël fait également face à des accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice pour ses actions dans la bande de Gaza.

AA