L'armée libanaise a commencé à déployer troupes et blindés dans le sud du Liban, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, et doit veiller à sa délicate application.
Dès son entrée en vigueur mercredi à 02h00 GMT, des dizaines de milliers d'habitants déplacés se sont précipités pour rentrer chez eux, dans le sud, la banlieue sud de Beyrouth et l'est du Liban.
L'armée israélienne a cependant imposé un couvre-feu entre 17h jeudi et 7h vendredi dans le sud du Liban, après avoir dit avoir "ouvert le feu" en direction de "suspects (...) ne respectant pas les conditions du cessez-le-feu".
Jeudi, un avion de chasse a visé "une zone forestière non accessible aux civils" dans la ville de Baïssariyé, a déclaré Nazih Eid, le maire de cette localité libanaise.
Des tirs israéliens ont par ailleurs fait deux blessés dans le village de Markaba, dans le sud du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise Ani.
L'armée libanaise poursuit pendant ce temps son déploiement dans le sud du Liban dans les régions frontalières, "mène des patrouilles et installe des barrages de contrôle", a indiqué jeudi une source militaire, précisant que les soldats ne "s'avancent pas dans les secteurs où l'armée israélienne se trouve encore".
Dans le village de Qlaaya, des soldats libanais ont été accueillis mercredi soir par des habitants en liesse qui leur ont lancé des fleurs et du riz.
"Nous ne voulons au Liban que l'armée libanaise", scandait la foule.
Le Parlement a prolongé jeudi d'un an le mandat du commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, qui devait prendre sa retraite en janvier.
"Prêts à faire face" à Israël
L'accord de cessez-le-feu vise à mettre fin au conflit meurtrier enclenché en octobre 2023 entre Israël et le Hezbollah, qui a déplacé 900 000 personnes au Liban et 60 000 dans le nord d'Israël.
Après des mois d'échanges de tirs de part et d'autre de la frontière israélo-libanaise, Israël a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements massifs sur les fiefs du mouvement libanais, suivie d’une invasion terrestre dans le sud du Liban, affirmant vouloir sécuriser sa frontière nord et permettre le retour des déplacés.
Selon les autorités libanaises, au moins 3 961 personnes ont été tuées depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils sont morts en treize mois, selon les autorités.
Parrainé par les Etats-Unis et la France, l'accord de cessez-le-feu prévoit le retrait dans un délai de 60 jours de l'armée israélienne du Liban.
Le Hezbollah doit aussi se replier jusqu'au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler son infrastructure militaire dans le sud du Liban.
Ces dispositions s'appuient sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU qui avait mis fin en 2006 à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah.
Israël a dit se réserver "une totale liberté d'action militaire" au Liban, "si le Hezbollah viole l'accord et tente de se réarmer".
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