Emmanuel Macron ne semble pas vouloir suivre le scénario écrit par le Nouveau Front populaire qui à la tête du plus gros bloc à l’Assemblée nationale veut former un gouvernement. Le chef de l’Etat a toujours opposé une fin de non-recevoir à ce scénario. Selon lui, le problème n’est pas de nommer une personne mais de construire une coalition gouvernementale qui ne va pas être mise en minorité au Parlement à la moindre réforme.
Dans ce contexte, deux noms, deux profils différents circulent à l’Elysée pour le poste de Premier ministre. Mais quel type de Premier ministre veut Emmanuel Macron ? Pas un homme trop marqué à gauche semble-t-il, mais aussi pas un homme qui puisse lui faire de l’ombre. Il ne faut pas que le candidat se voit prétendant à la présidentielle de 2027 comme le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal.
L’Elysée étudie deux candidats possibles pour Matignon
Son clan répète depuis des semaines qu’il faut un gouvernement de coalition, avec un programme de gouvernement, il faut ouvrir à d’autres partis, des sociaux-démocrates à la droite traditionnelle. L’Elysée se cherche une coalition gouvernementale.
Deux noms circulent depuis des semaines pour le poste de Matignon. Il y a d’abord le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, homme de droite, plusieurs fois ministres sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, longtemps membre du parti Les Républicains, il est soutenu par plusieurs personnalités du centre et de la droite.
Xavier Bertrand s’est lui-même proclamé candidat à ce poste, il s'est dit "prêt à relever le défi", mardi 6 août dans les colonnes du journal le Figaro. Il est adoubé, ce matin, dans les colonnes du Figaro par un autre élu du Nord, Gérald Darmanin. Il souligne le résultat du scrutin des législatives: “nous n’avons pas gagné les élections législatives. Il n’est donc pas anormal que quelqu’un qui n’est pas de notre famille politique dirige le gouvernement”, dit-il. D’autres ministres ont plaidé pour Xavier Bertrand depuis fin juillet ; le président de la région Hauts-de-France semble donc être le favori du camp présidentiel.
Xavier Bertrand, un candidat pour sceller une coalition à droite
Certains dont la gauche ont tout de même souligné qu’avec 47 députés, le groupe LR (Les Républicains) n’avait pas légitimité pour ce poste mais Emmanuel Macron pourrait vouloir consolider son alliance au Parlement avec les Républicains. Sans atteindre la majorité absolue, le groupe Ensemble avec Horizons et MoDem compte 168 sièges de députés. Avec LR, il pourrait compter sur un bloc de 215 députés. On est loin de la majorité absolue de 289 sièges malgré tout.
Un second nom circule et cette fois-ci, il s’agit d’un homme de gauche, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre sous François Hollande. Son atout ? Il a déjà occupé le poste, il peut ouvrir une collaboration avec les socialistes car pour avoir une majorité à l’Assemblée, le futur gouvernement doit pouvoir ouvrir à gauche et à droite. "Je serais toujours prêt", a indiqué l’intéressé au micro de LCI, lundi 5 août.
L'écueil principal à cette nomination, ce sont les différences importantes dans les programmes entre les sociaux-démocrates et la droite. Il serait ardu de construire un programme de travail commun mais cette ouverture vers la gauche pourrait apporter au camp présidentiel une forme de réconciliation avec son aile gauche et permettre un travail plus apaisé avec les députés. Aujourd’hui, presque tous les groupes politiques présents dans l’hémicycle sont inscrits dans l’opposition.
L’Elysée ne veut pas de Lucie Castets
C’est le nom surprise. Lucie Castets a été proposée le 23 juillet dernier par le bloc de gauche après des semaines de négociations, mais le profil de cette néophyte en politique ne semble pas être du goût du président de la République. C’est,en effet, la candidate choisie par la gauche mais elle ne fait pas consensus au-delà de son camp. Lucie Castets est haute-fonctionnaire à la Ville de Paris chargée des finances de la capitale et elle est inconnue du grand public.
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Depuis juillet, elle parcourt la France dans tous les sens pour se faire un nom. Elle essaie aussi de convaincre les députés et les sénateurs. Elle a envoyé dès la fin des JO 2024, lundi 12 août, une lettre aux parlementaires de tous les partis (sauf le Rassemblement national) dans laquelle elle expose sa méthode de gouvernement et ses cinq priorités. Une lettre signée par les dirigeants des quatre partis du NFP. La gauche maintient donc la pression sur le chef de l’Etat, en voulant la nomination d’un Premier ministre issu du NFP.
Ce matin sur France Info, la députée LFI Danièle Obono s’est emportée contre le chef de l’Etat et a dénoncé “le coup de force antidémocratique que représente le refus d’Emmanuel Macron de reconnaître la victoire du NFP”. Elle a appelé le Président à la responsabilité afin qu’il nomme Lucie Castets à Matignon.
Mais le Nouveau Front populaire est plus isolé que jamais. Il n’a pas réussi à nouer des alliances pour l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale le 18 juillet. Il semble qu’il aura du mal à réaliser une alliance pour une majorité gouvernementale, d’autant que la plupart des partis de droite ne veulent pas d’une coalition qui inclut La France insoumise.