Une "lumière au bout du tunnel" pour les familles des 228 victimes du crash du vol AF447, au terme de longues batailles d'expertises depuis l'accident survenu le 1er juin 2009.
La justice française avait prononcé un non-lieu dans cette affaire en 2019, mais cette décision a été invalidée deux ans plus tard en appel, ouvrant la voie à la tenue d'un procès en correctionnelle pour "homicides involontaires", malgré des recours en cassation d'Air France et d'Airbus, jugés irrecevables en août dernier.
Les enquêteurs qui ont examiné les boîtes noires, retrouvées après deux ans de recherche par 4.000 mètres de fond, ont conclu que les pilotes n'avaient pas réagi comme il aurait fallu à une perte de données de vol provoquée par le givrage des sondes anémométriques de l'Airbus A330, en pleine tempête équatoriale au-dessus du Pot-au-Noir.
Désorientés, ils n'avaient pu empêcher un décrochage aérodynamique ou chute libre de l'appareil de 205 tonnes, le précipitant vers les eaux de l'Atlantique malgré les signaux d'alerte. Aucun des 226 passagers et 12 membres d'équipage n'a survécu.
Les batailles d'expertises ont porté sur la responsabilité d'Air France et d'Airbus dans ce drame, écartée dans un premier temps par la justice avant que la Cour d'appel n'estime que la compagnie aérienne et le constructeur n'avaient pas pris les mesures nécessaires d'information et de formation des pilotes pour les préparer à réagir à ce problème connu.
Le BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile) a en effet révélé qu'Air France s'était inquiétée des défaillances des sondes Pitot, fabriquées par Thalès pour mesurer la vitesse en vol, et avait commencé à en recevoir un nouveau modèle, moins sujet aux problèmes de givrage à haute altitude, lorsque le drame s'est produit.
Cette question sera au coeur des deux mois d'audience au tribunal correctionnel de Paris.
C'est la première fois que la responsabilité collective d'une entreprise française est mise en cause dans un procès pour "homicides involontaires" après un crash aérien.
Air France et Airbus ne risquent que des amendes si la justice retient une faute pénale de leur part. Le procès doit s'achever le 8 décembre.