Mission inaccomplie. Les cours ont repris, mais tous les élèves n'ont pas encore de professeurs. Le président de la République, Emmanuel Macron, et son ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, l'avaient pourtant martelé fin août : "Il y aura un professeur devant chaque classe" à la rentrée scolaire. Alors qu’Attal se concentrait sur l’interdiction de l’abaya, une semaine après la rentrée, il manque au moins un professeur dans un collège ou lycée sur deux, selon une enquête du SNES-FSU, le principal syndicat enseignant du second degré. Dans l’académie de Créteil, ce chiffre atteint 60%.
Plus de 3.100 postes non pourvus aux concours enseignants
Aux concours enseignants de cette année, 3.100 postes de professeurs étaient non pourvus. Les matières les plus touchées par les pénuries sont les lettres modernes, l'anglais, les mathématiques ou encore les sciences de l'ingénieur.
"La promesse n'est pas tenue", a regretté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, déplorant "des trous dans les emplois du temps de milliers d'élèves". Pour elle la situation est "inacceptable", et même "scandaleuse". "C'est toujours et encore la rentrée de la pénurie", a-t-elle commenté.
Annonce de recrutement sur Facebook
"Il y a une urgence, il faut que Gabriel Attal y réponde", a-t-elle alerté sur Franceinfo. “On a vu qu’il y avait des petites annonces sur Facebook pour recruter des professeurs, il y a des petites annonces sur Pôle emploi. Ce n'est pas acceptable en 2023 qu'on recrute des professeurs sur Facebook ou sur Pôle emploi. Recruter un professeur et le former en deux jours, je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure solution”, a-t-elle déploré.
Devenir enseignant en une journée
Pour le ministère, la solution se trouve dans le nombre des contractuels qui s’accroît ces dernières années pour compenser les postes vacants. L'Éducation nationale embauche des personnes qui n'ont pas réussi les concours, en contractuel qui n’obtiendront pas le statut de fonctionnaire. Des "jobs dating" se sont multipliés dans les académies pour recruter des contractuels avec un niveau de licence requis. Les candidats n’ont qu’à présenter un CV, une lettre de motivation et passer en entretien d’une trentaine de minutes, voire une journée de préparation dans le meilleur des cas. Ces personnes pourront enseigner au même titre qu’un enseignant ayant passé les épreuves du concours en tant que contractuels.
Pour les enseignants et les syndicats, ce mode de recrutement est “injurieux” pour la profession qui laisserait croire que le métier d’enseignant ne requiert pas de capacités et compétences spécifiques, et qu’un entretien de 30 minutes peut remplacer des années d’études et de formation.
Des conditions de travail modique
La crise d’attractivité du métier d’enseignant en France est due aux conditions de travail et à la rémunération. Selon un rapport d’information publié par le Sénat en juin 2022 , les salaires français sont inférieurs à plusieurs pays européens, mais aussi à la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Après dix et quinze ans d’ancienneté, les salaires des enseignants français représentent un écart de 10 000 dollars annuels avec la moyenne de l’OCDE.
Selon le même rapport, les enseignants français déplorent un lourd sentiment d’isolement et un manque de considération. D’après l’OCDE, 6,6% d'entre eux seulement se sentent valorisés par la société.