France: menaces de fissures dans “l’arc républicain”
La majorité présidentielle est ambiguë sur l’attitude à adopter contre l'extrême droite au second tour des législatives de dimanche prochain, menaçant de fissurer “l’arc républicain”.
Des dissensions se font jour au sein de “ l’arc républicain". / Photo: AFP et Reuters (AFP)

Lors du premier tour des législatives anticipées du 30 juin en France, le RN et ses alliés sont arrivés en tête de ce scrutin avec plus de 33% des voix et menacent de diriger le gouvernement.

Une perspective qui fait peur dans le pays. En conséquence, nombreux sont ceux qui se demandent ce qu’il faudra faire, pour empêcher à Jordan Bardella de devenir le prochain Premier ministre français.

Après avoir violemment attaqué le Nouveau Front populaire lors de la campagne pour le premier tour des législatives anticipées, le mettant sur la même balance que le Rassemblement national, le camp présidentiel donne l’impression de se ressaisir.

Prenant la parole, dimanche, alors que la majorité présidentielle sortante a recueilli 22% des votes, le Premier ministre Gabriel Attal a mis en garde contre la percée de l'extrême droite.

“L’extrême droite est aux portes du pouvoir”, a déclaré le Premier ministre français, ajoutant : “Jamais l’Assemblée nationale n’a risqué d’être dominée par l’extrême droite. Notre objectif est clair : empêcher le RN d’avoir une majorité au second tour et de gouverner le pays avec le projet funeste qui est le sien“.

Faire barrage au Rassemblement national au second tour des législatives, dimanche prochain, tel semble être le mot d’ordre. Gabriel Attal a ainsi appelé au désistement des candidats de la majorité “dont le maintien aurait fait élire un candidat RN face à un autre qui, comme nous, défend les valeurs de notre République “.

Toutefois, rapporte Le Parisien, la position de Ensemble n’est pas aussi tranchée, au regard des témoignages des certains candidats en visioconférence avec Gabriel Attal, hier.

“Veut-on confier les pleins pouvoirs et le destin du pays au RN ? Nous répondons que non. Est-ce que pour autant nous voulons faire alliance avec le NFP ? Non“, a confié Gabriel Attal, d'après Le Parisien.

Discorde

Sans attendre le chef du gouvernement, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire s'était déjà clairement prononcé contre toute alliance avec le LFI. Il a appelé tous les électeurs ”à voter pour un candidat du camp social-démocrate“, rejetant tout choix pour La France insoumise.

”Je ne vote pas pour La France insoumise, car elle a pris des positions contre la nation française. C’est le communautarisme, c’est l’antisémitisme, c’est la violence (…) et je ne veux pas ça pour la France”, a insisté Bruno Le Maire.

Une posture qui a fortement déplu à Marine Tondelier, cheffe des écologistes. “Je suis atterrée et extrêmement en colère. Je suis très émue parce que ça fait 10 ans que je vis dans une ville tenue par le Rassemblement national. Ce que vient de faire Bruno Le Maire, c’est un comportement de lâche et de privilégié. C’est hors sol, c’est lunaire, ce n’est pas à la hauteur de l’Histoire “ a déploré Marine Tondelier, visiblement émue.

Dans le sillage de Bruno Le Maire, la ministre déléguée chargée des Collectivités et de la Ruralité Dominique Faure, classée 3e dans la 10e circonscription de Haute-Garonne derrière des candidats PS et RN, a refusé d’abdiquer. Vingt autres candidats de Ensemble sont dans cette situation.

Des triangulaires (opposition entre trois candidats) pourraient avoir lieu dans plus de 300 circonscriptions, dimanche prochain, si certains candidats ne se retirent pas. Dans une centaine de circonscriptions, ce sont des candidats d’Ensemble, le parti présidentiel, qui sont arrivés en troisième position alors que le Rassemblement national est devant eux.

Si le camp présidentiel est ambigu sur la question du barrage républicain, le monde du travail est déterminé à freiner la voie à l'extrême droite.

La secrétaire générale de la CGT assimile l'extrême droite a un “danger mortel pour la République”. Sophie Binet ne laisse aucune place à l'ambiguïté. “Appeler au “ni-ni” revient, dit-elle, à soutenir le Rassemblement national. Rien n’est joué, si chacun·e prend ses responsabilités, nous pouvons mettre le progrès social à l’ordre du jour”, a-t-elle écrit sur son compte X, dimanche.

Dans le même sillage, Marlyse Lyon, la Secrétaire générale de la CFDT avertit : “le danger de l’extrême droite est à nos portes”.

Comme pour répondre aux atermoiements du camp présidentiel, elle donne la ligne qui devrait guider la formation de “l’arc républicain”.

“Devant cette menace, aucun calcul politique ne tient. Les candidats les moins bien placés, quels qu’ils soient, doivent se désister pour battre les candidats d’extrême droite au deuxième tour. Point barre”.

Un discours qui passe bien au sein de la gauche qui, le temps de ces législatives anticipées, a su taire ses divergences.

Sur 185 désistements recensés, 104 sont ainsi rattachés au NFP. C'est plus du double du camp du président Emmanuel Macron, dont 48 candidats ont jeté l'éponge à ce stade. On y dénombre trois ministres : Sabrina Agresti-Roubache, Marie Guévenoux et Fadila Khattabi, précise l’AFP.

Ce soir, on saura, avec exactitude, quels candidats se sont désistés pour le second tour des législatives anticipées. Ce 2 juillet est en effet la date butoir fixée aux candidats qualifiés pour décider de se maintenir ou pas au second tour, dimanche.

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TRT Français et agences