Selon lui, cette réforme, introduisant des groupes de niveau en mathématiques et en français, s'est avérée inefficace dans le passé et accentuera les inégalités scolaires ainsi que la détérioration de la qualité de l'enseignement. En outre, Julien a souligné d'autres préoccupations des enseignants, notamment la réduction progressive des moyens dédiés à l'Éducation nationale.
Position des syndicats
Des centaines d'enseignants et de membres du personnel de l'Éducation nationale ont manifesté, ce mardi à Paris, contre les réformes du "choc des savoirs", annoncées par le Gouvernement français.
"Non au choc des savoirs" ou encore "Blanquer c'était l'enfer, Attal sera fatal", ont scandé les participants à cette mobilisation des enseignants initiée à l'échelle nationale par plusieurs syndicats.
Les syndicats protestent principalement contre les mesures annoncées par l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, en décembre dernier. Parmi ces réformes, la création de groupes de niveau en collège en fonction des difficultés des élèves.
Les syndicats dénoncent une approche inégalitaire, perçue comme un "tri" des élèves. "Cela crée une séparation qui n'a pas sa place dans notre système éducatif," a relevé le Snes-FSU. Ils soulignent également le manque de ressources nécessaires pour mettre en œuvre efficacement cette réforme.
"Cela ne fonctionne pas"
Julien, professeur en collège à Ménilmontant dans le 20ᵉ arrondissement de Paris, a rappelé dans une déclaration à Anadolu que la mise en place de groupes de niveau en mathématiques et en français, a déjà été appliquée dans le passé et que celle-ci s'est avérée inefficace.
"Cela ne fonctionne pas", a-t-il affirmé, soulignant que les élèves en difficulté sont regroupés ensemble, ce qui entraîne une baisse générale de leur niveau. Le gouvernement allègue que cette méthode permet aux élèves de progresser à leur rythme, mais Julien conteste cette assertion. Il observe que les élèves avec des handicaps, ceux qui sont venus de l'étranger et apprennent le français, ou ceux qui sont perturbateurs se retrouveraient tous dans le même groupe, ce qui les empêche de progresser. Cette mesure est, d’ailleurs, décriée par les syndicats, qui rappellent également l'insuffisance des moyens mis en place, alors que les classes sont déjà en sureffectif.
En outre, Julien a rappelé que le nombre trop élevé des élèves par classe faisait déjà partie des préoccupations des enseignants, avant l'annonce de cette réforme. Actuellement, dans son établissement, un Réseau d'éducation prioritaire (REP), le nombre d'élèves par classe atteint 25, un chiffre qu'il juge trop élevé. "Chaque année, on perd des moyens supplémentaires pour faire des demi-groupes", déplore-t-il, ajoutant que cette situation s'aggrave progressivement.
Autres revendications
L'annulation de la réforme du "choc des savoirs" constitue la principale revendication de la journée de mobilisation de ce mardi.
Celle-ci s'inscrit néanmoins dans un contexte plus large de mécontentement au sein du corps enseignant. Depuis plusieurs années, ils revendiquent de meilleures conditions de travail et des ressources supplémentaires, tout en mettant en question les récentes décisions du gouvernement en matière d'éducation.
La réforme du "choc des savoirs" semble cristalliser les inquiétudes des professeurs, qui craignent une aggravation des inégalités scolaires et une détérioration de la qualité de l'enseignement. La mise en place des groupes de niveau, dont l'objectif affiché est de favoriser l'apprentissage individualisé, soulève donc des questions quant à son efficacité réelle.
Le témoignage de Julien reflète une anxiété croissante chez les professionnels de l'éducation, qui s'interrogent sur l'avenir de leur métier et la qualité de l'enseignement en France.