Depuis leur enfance jusqu'à l'âge adulte, en couple et au travail, les femmes sont en France plus fréquemment victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles que les hommes, selon une étude dévoilée lundi par le ministère de l'Intérieur.
Cette large enquête, menée en 2021 et baptisée "Genese" (Genre et sécurité), repose sur les réponses de près de 109.000 personnes âgées de 18 à 74 ans, sur un échantillon initial de 169.060 où les femmes étaient surreprésentées (70%), explique le service statistiques du ministère français de l'Intérieur.
Il s'agit d'une enquête dite de "victimation" qui permet de recueillir des données qui échappent aux services de police et gendarmerie lorsque les victimes renoncent à déposer plainte.
Avant 15 ans, plus d'une femme sur cinq (21%) déclare avoir subi de la violence dans sa famille, qu'elle soit de nature psychologique, physique ou sexuelle. Les hommes sont 17%.
Dans et hors de la sphère familiale, les femmes restent toujours plus exposées aux violences, notamment sexuelles, que les hommes (6% ou 5% contre 2%).
Quand elles sont en couple, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes à déclarer une agression physique ou sexuelle par leur conjoint que les hommes (15,9%, soit 3,6 millions de femmes, contre 5,6%).
"Les femmes cumulent une plus grande diversité de situations violentes, rapportent plus fréquemment les types de violences potentiellement les plus graves et subissent des faits sur des durées et à des fréquences plus élevées que les hommes", note l'étude.
Les violences sexuelles sont cinq fois plus fréquentes chez les femmes (16,8%) que les hommes (3,3%) quand l'auteur n'est ni le partenaire, ni un ex-partenaire.
Les viols et tentatives de viols hors de la sphère conjugale sont déclarés par deux victimes sur cinq et dans des proportions quasi équivalentes chez les hommes (37%) et les femmes (41%).
Au travail, les comportements sexuels et sexistes concernent trois fois plus de femmes que d'hommes au cours de leur vie professionnelle.
Elles sont par exemple 80% à avoir subi "des regards déplacés ou insistants", 31% à avoir reçu "des propositions déplacées de rendez-vous privés" et autant à déclarer des attouchements non désirés "sur des parties du corps, des baisers, des étreintes".