France-législatives: percée du RN en Réunion et à Mayotte
Pour la première fois le RN aura des élus issus d’Outre-Mer à l'Assemblée nationale française, à la faveur du deuxième tour des législatives du 7 juillet dernier. Ces députés ont été élus à la Réunion et Mayotte.
Pour la première fois, le RN a une élue issue de Mayotte à l'Assemblée nationale française... / Photo: AFP (AFP)

C’est une grande première pour le RN, avec des députés ultramarins obtenus à la Réunion et à Mayotte.

Joseph Rivière a remporté le siège de la troisième circonscription de la Réunion. Avec 51,4% des voix, il a supplanté Alexis Chaussalet, le candidat du Nouveau front populaire.

A Mayotte, Anchya Bamana s’est imposée devant Mansour Kamardine de LR grâce à 53,8% des suffrages, dans la deuxième circonscription de Mayotte.

“C’est une victoire pour le peuple qui veut enfin un changement. Les Mahorais veulent vivre en paix chez eux”, a déclaré Anchya Bamana au micro de Mayotte la 1ère.

Une forte demande sociale

Santé, éducation, chômage, sécurité, pression démographique, immigration clandestine, etc. Les maux qui minent Mayotte et entretiennent la colère de la population sont profonds. Leur résorption va au-delà d’une approche sécuritaire proposée par le gouvernement.

L'île est confrontée à une vague d’immigration en provenance des Comores avec pour corollaire l'insécurité et la poussée démographique. La population de l’île croît de manière exponentielle : 350 000 âmes contre 100 000 en 1991. Cette démographie est liée à un taux de natalité important (4,6 enfants par femme) et à l’immigration clandestine. Les migrants arrivent en embarcations de fortune des pays des Grands Lacs ou des Comores, toutes proches.

Ces migrants sans papiers peinent à trouver du travail. Des bidonvilles se développent autour des communes, une criminalité faite de vols à la tire et de cambriolages se développe, au grand dam des habitants qui demandent un retour à la sécurité. L’association “Les forces vives de Mayotte” a même organisé des barrages, au printemps dernier, pour protester contre l’insécurité.

Département le plus pauvre de France, Mayotte est régulièrement confrontée à des épidémies de choléra. Le dernier épisode en date a fait deux morts en juin dernier.

Consciente de cette situation, Marine Le Pen a voulu faire de Mayotte un terreau du RN. Pendant la campagne pour les européennes, elle a passé deux jours dans l'île. Elle a rencontré des collectifs de Mahorais anti-immigration et a fait des déclarations dans le sens qu’ils attendaient.

“Il faut sortir les Mahorais du cauchemar qu’ils vivent et qui s’aggrave d’année en année. Il y a une véritable urgence à mettre en place des solutions pour régler le problème de l’insécurité, de l’immigration clandestine et du manque d’infrastructures.” Elle ne s’est pas privée de lancer, lors d’un discours : “Tenez bon, on arrive.”

Avant elle, c’est Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, qui promettait la suppression du droit du sol à Mayotte, privilégiant ainsi une approche sécuritaire, alors que la population souhaite “du concret”.

Dans les autres territoires d’Outre-Mer, le NFP a globalement conservé ses acquis.

Parité dans le Pacifique

Les indépendantistes et les loyalistes étaient en revanche à égalité à l’issue du second tour des législatives en Nouvelle-Calédonie. Chaque camp s’en sort avec un député sur les deux sièges réservés à ce territoire français du Pacifique.

Dans la 2e circonscription, le candidat indépendantiste (divers gauche), Emmanuel Tjibaou, a remporté le scrutin, avec 57 % des voix, devant le candidat loyaliste (divers droite), Alcide Ponga.

Emmanuel Tjibaou est le fils de Jean-Marie Tjibaou, leader indépendantiste kanak assassiné en 1989 à Ouvéa, et le frère de Joël Tjibaou, mis en examen le 25 juin – pour “complicité de tentative de meurtre”, “vol en bande organisée avec arme”, “destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux” – et placé en détention provisoire à Nouméa.

Dans la 1re circonscription, Nicolas Metzdorf (loyaliste, divers droite) remporte l’élection, avec 52,41 % des voix, face à l’indépendantiste Omayra Naisseline. Il avait déjà été élu en 2022, mais dans la 2ème circonscription.

Statu quo en Guyane

En Guyane, la participation était à 10,8% à midi. Au premier tour elle était à 16,1% contre 13,14% en 2022. Ce manque d'intérêt des électeurs s'expliquerait par la victoire prévisible de la gauche dont les représentants sont largement arrivés en tête, dès le premier tour. Dans la première circonscription : Jean-Victor Castor, candidat du MDES (Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale) est élu avec 76,11 % des voix alors que dans la deuxième circonscription, c’est Davy Rimane (divers gauche, DIV. G.) qui a, sans surprise, été élu après le désistement de l’autre candidate, Sophie Charles.

Martinique: emprise du NFP et émergence du PS

Béatrice Bellay a été élue, samedi, dans la troisième circonscription de la Martinique. Figure locale du Parti socialiste, elle devient, à 49 ans, la deuxième femme députée de ce territoire antillais. Elle s’illustre ainsi en renversant, avec 54,53% des voix, le candidat du Parti progressiste martiniquais fondé par Aimé Césaire, qui régnait, sans partage, sur la circonscription.

A l’issue du second tour de ces élections législatives, 3 parmi les 4 députés sortants ont retrouvé leur siège à l’Assemblée de Paris, sous les couleurs du NFP, rapporte France Info.

Aucun changement dans les autres îles du pacifique

En Polynésie, 18,9% d'électeurs avaient voté à midi, en même temps qu’en Nouvelle-Calédonie et en Amérique. Indépendantistes et autonomistes se sont partagés les trois sièges en jeu. Dans la 3ᵉ circonscription, l'indépendantiste Merena Reid Arbelot a sauvé son siège d'une courte tête (50,87%). Le candidat autonomiste Nicole Sanquer a remporté la 2ᵉ circonscription (55,88%) alors que dans la 1ʳᵉ circonscription, l'autonomiste de centre-droit Moerani Frébault a été élu dès le premier tour avec 54% des voix.

À Saint-Pierre-et-Miquelon, la participation à la mi-journée était stable par rapport au premier tour et plus élevée qu'au même moment des législatives de 2022. À 17 h, le taux de participation était de 49,35%. Le député sortant (divers droite, DIV. D.), Stéphane Lenormand, a été réélu, avec 61,72 % des voix.

Un candidat du MoDem, Frantz Gumbs, est élu, avec 55 % des voix à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

Au total, 21 des 27 députés ultramarins sortants vont retrouver leurs sièges au palais-Bourbon. Des six nouveaux, deux sont issus de RN.

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TRT Français et agences