"Ce vote témoigne, une fois de plus, de la détermination de la rédaction du Journal du Dimanche à mener son combat contre la nomination de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, à la tête du JDD", écrivent les salariés de l’hebdomadaire en grève dans un communiqué de presse.
Ils précisent par ailleurs que leurs revendications restent identiques, après 4 semaines sans parution et demandent à la direction de "renoncer à la nomination de Geoffroy Lejeune, dont les valeurs sont en totale contradiction avec celles du JDD" et d’offrir "à la rédaction des garanties d'indépendance juridique et éditoriale".
Le groupe Lagardère, qui détient le JDD (Journal Du Dimanche), avait confirmé le 23 juin, l’arrivée de Geoffroy Lejeune, proche d’Eric Zemmour, à la tête de l’hebdomadaire, malgré une grève reconductible déjà entamée par sa rédaction.
Dans un communiqué de presse mettant ainsi fin aux rumeurs et incertitudes, le groupe assurait que le journaliste d’extrême-droite disposait d’une "connaissance avérée des attentes du public en termes d'information à l'heure des réseaux sociaux".
"Au JDD, Geoffroy (Lejeune) aura la mission d'incarner l'excellence journalistique, à savoir : les faits, l'investigation, le devoir d'informer" poursuivait le groupe Lagardère dont le patron Arnaud Lagardère estimait que "Geoffroy (Lejeune) est un talent brut du journalisme français".
Sur ses réseaux sociaux, l’intéressé avait fait état de son "immense honneur" et promettait de "mettre toute (son) énergie à la réussite de ce défi".
Le communiqué officialisant la nouvelle a été publié alors que la rédaction du JDD venait tout juste d’annoncer une première reconduction de son mouvement de grève votée à 96%, et faisait part de ses inquiétudes, en rappelant l’orientation idéologique et politique de Geoffroy Lejeune.
"Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, exprime des idées à l'opposé des valeurs que porte le JDD depuis soixante-quinze ans. Il en va de même de Charlotte d'Ornellas, figure de la droite réactionnaire et proche des idées d'Éric Zemmour, dont l'arrivée est pressentie également" écrivaient les grévistes.
Ils soulignaient à cet effet que "sous la direction de Geoffroy Lejeune, Valeurs actuelles a propagé des attaques haineuses et de fausses informations" et que "c’est encore sous sa responsabilité qu'a été publié un article ayant valu à son auteur et au directeur de la publication une condamnation pour injure publique à caractère raciste envers Danièle Obono".
Craignant que le JDD ne glisse sur la même voie sous son impulsion, ses salariés ont notamment rappelé qu’il s’agit d’un "journal qui aime la politique sans prendre parti, attaché à son indépendance, reconnu pour son sérieux et sa modération".
"Cette arrivée pourrait mettre en péril le journal, en repoussant les lecteurs comme les annonceurs", redoutent les salariés en grève, faisant remarquer par ailleurs qu’une "semaine après la validation sous conditions de l'OPA de Vivendi, groupe contrôlé par Vincent Bolloré, sur Lagardère, cette nomination démontrerait encore à quel point Vincent Bolloré tient déjà les rênes du journal".
Le communiqué rappelait à ce propos "que la Commission européenne enquête en ce moment même sur des soupçons de prise de contrôle anticipée de Lagardère par le groupe Vivendi, en infraction aux règles de l'UE".