Cette crise inédite de recrutement traversée par l'Éducation nationale fait craindre une rentrée 2022 très difficile. L’Éducation nationale a annoncé que 4 000 postes d’enseignants n’étaient pas pourvus pour l’instant pour la rentrée. Seuls 83,1% des postes ont donc été pourvus cette année contre 94,7% en 2021.
Malgré la crise, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye a promis "un professeur devant chaque classe dans toutes les écoles de France à la rentrée" et "un choc d'attractivité" pour revaloriser le métier d'enseignant. Mais les professeurs et les syndicats ne sont pas convaincus et craignent le pire pour la rentrée.
Dans le primaire, l'alerte a été donnée en Ile-de-France, où seulement un poste sur trois au concours a été pourvu. À Versailles, plus grande académie de France, 424 futurs enseignants ont été admis pour 1.430 postes proposés.
Le ministre a promis de mettre en place des cellules "qui vont régler les difficultés là où elles se posent" dans chaque académie dès le 22 août, soit seulement à dix jours avant la rentrée.
Un salaire inférieur à la moyenne de l’OCDE
Le 8 juin 2022, un rapport d’information publié par le Sénat fait état de la "crise d’attractivité" du métier d’enseignant en France et dans l'Union européenne (UE). La rémunération est le principal motif du manque d'attractivité du métier d'enseignant.
Selon le rapport, les salaires français sont inférieurs à plusieurs pays européens mais aussi à la moyenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Après dix et quinze ans d’ancienneté, les salaires des enseignants français se démarquent par un écart de 10 000 dollars annuels avec la moyenne de l’OCDE.
Pour y remédier, Ndiaye a promis une revalorisation salariale pour les enseignants qui débuteront leur carrière en 2023 à 2000 euros net par mois.
Manque de considération
Selon le même rapport, les enseignants français déplorent un lourd sentiment d’isolement et un manque de considération. D’après l’OCDE, 6,6% d'entre eux se sentent valorisés par la société. La moitié d'entre eux seulement s'estiment "bien" ou "très bien" préparés par leur formation initiale.
Des études supérieures réduites à 30 minutes d’entretien
En attendant, pour le ministère la solution tient dans les contractuels. L'Éducation nationale veut embaucher des personnes qui n'ont pas passé le concours, en contractuel qui ne seront pas fonctionnaires. Des « jobs dating » se multiplient dans les académies pour recruter des contractuels avec un niveau de licence requis. Les candidats n’ont qu’à présenter un CV, une lettre de motivation et passer en entretien d’une trentaine de minutes. Ces personnes pourront enseigner au même titre qu’un enseignant ayant passé le concours en tant que contractuels.
Pour les enseignants et les syndicats, ce mode de recrutement est “injurieux” pour la profession qui laisserait croire que le métier d’enseignant ne requiert pas de capacités et compétences spécifiques, et qu’un entretien de 30 minutes peut remplacer des années d’études et de formation.