Dans une enquête publiée le 27 octobre, le média explique que le centre qui emploie 40 salariés a été notifié de la fin des subventions accordées par la ville et la Caisse d’allocations familiales (CAF), officiellement en raison de "difficultés financières" alors qu’il s’agit de l’une des rares structures de la région à accueillir des enfants handicapés. "Pourquoi ne pas les aider ici pour qu’ils remontent la pente ? Pourquoi couper les vivres si brutalement ici ?", se demandent d’ailleurs les habitants de la ville.
Pourtant, le média se demande "si ce n’est pas parce que la majorité La République en marche ne veut pas voir d’animatrices voilées ?" Un "électrochoc nécessaire", explique cependant un élu municipal, lors d’une réunion publique tenue pour annoncer la fin de ces subventions.
Mais les enquêtes du média s'orientent vers d'autres prétextes moins avouables. "Et si les valeurs du centre n’étaient pas en adéquation avec celles de la mairie ?", s’interroge-t-il.
Un problème de "laïcité" ?
Selon StreetPress, la mairie a envoyé "un courrier il y a quelques jours à la MJC pour faire remarquer un problème d’impartialité du service public".
Toujours selon la même source, lors d’une réunion à la préfecture le 3 octobre dernier, "la maire de Tourcoing, Doriane Bécue, aurait insisté sur les salariées voilées employées par la structure, pointant un souci de laïcité".
L’information a été confirmée par Éric Mouveaux, le directeur de la MJC, qui a déclaré que la maire "voudrait qu’elles (les salariées) enlèvent leur voile" avant d’ajouter "qu’étant une association régie par le droit privé, elle n’est pas soumise à cette neutralité et d’ailleurs, ça serait même discriminatoire de demander à une femme voilée de retirer son voile".
De plus, Maxime Cabaye, adjoint au maire en charge de la coordination des adjoints de quartiers, a aussi expliqué à StreetPress que "la présence de salariées voilées pose des questions de laïcité et de radicalisme. Les centres sociaux sont en première ligne. Il n’y a pas eu de faits graves pour le moment, tant mieux ! Mais il est nécessaire de faire communauté et société."
D’autres valeurs incompatibles
Les femmes voilées ne seraient peut-être pas la seule cause, selon StreetPress, qui évoque aussi l’accueil, il y a quelques mois, du Comité inter-mouvements auprès des évacués (Cimade), une association qui défend les droits des sans-papiers, pour tenir une permanence tous les samedis matin à la MJC.
"Notre projet n’est peut-être pas le même que celui des élus. Je vois bien qu’on ne veut pas nous aider à nous relever", déclare ainsi un salarié.
En tout cas, sans les 100 000 euros de subventions, la survie du centre est très incertaine même si une cagnotte en ligne a été lancée pour trouver les fonds nécessaires.