France: la gauche veut gouverner sans majorité absolue
La surprise a pris le RN de court. Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête du second tour des élections législatives avec 172 à 192 députés dans la nouvelle Assemblée. L’autre surprise, c’est la 3e place du RN qui obtiendrait 152 sièges.
Rassemblement place de la République à Paris après l'annonce des résultats à 20h00 / Photo: AFP (AFP)

172 à 192 sièges, les décomptes vont s’affiner dans la nuit mais même si la victoire est un peu plus belle qu’annoncée, le Nouveau Front populaire est loin de la majorité absolue qui est de 289 députés.

Et pourtant, les ténors de la gauche ont dès 20h00 annoncé leur victoire. Jean-Luc Mélenchon a appelé Emmanuel Macron a appeler le Front populaire à former un gouvernement. "Aucun subterfuge, arrangement ou combinaison ne serait acceptable" a souligné l’insoumis. Plus sobre, Marine Tondelier, la cheffe des Écologistes a lancé “on va gouverner.” Olivier Faure du parti socialiste était sur la même ligne et il a d’ailleurs affirmé qu’il “n’y aura aucune coalition des contraires.” L”euphorie des résultats semblent faire oublier aux députés de la gauche que sans majorité absolue, le gouvernement peut être mis en minorité par un vote de l’Assemblée et être renversé.

Jean-Luc Mélenchon toujours un repoussoir

Plusieurs écueils attendent la gauche. Jean-Luc Mélenchon, le président de la France Insoumise, se verrait bien premier ministre. Sauf que les autres partis de la coalition de gauche ne le voient pas ainsi. Le PS et les Écologistes veulent eux un vote entre les différents candidats que le NFP peut mettre en avant. C’est l’un des premiers ferments de division dans ce bloc de gauche. Selon les derniers décomptes, au sein du Nouveau Front populaire, LFI aurait le plus gros contingent de députés avec 74 sièges, le PS arriverait juste derrière avec 63 à 69 députés.

Qui va vouloir gouverner avec la gauche ?

C’est le deuxième écueil, voire obstacle pour la gauche. Dans la configuration actuelle de l’Assemblée nationale, aucun bloc n’a de majorité claire mais surtout la différence entre la gauche et le camp présidentiel pourrait se résumer à un petit groupe de 20 députés. En d’autres termes, les alliances peuvent se faire aussi bien autour du bloc de gauche que du bloc de la majorité présidentielle. Prudent, Raphaël Glucksmann, ancien candidat du PS aux élections européennes de juin dernier a appelé ses amis politiques à "se comporter en adulte" à "discuter et dialoguer. Les Français nous demandent de réussir" a-t-il lancé ce dimanche soir.

Les Républicains comptent malgré tout environ 65 députés, que vont-ils décider ? Les élus qui ont refusé de suivre Eric Ciotti vers le RN ne vont pas pour autant se jeter dans les bras du NFP. On voit mal le camp Macron qui a fait voter à marche forcée la réforme de la retraite à 64 ans, accepter de former un gouvernement avec un bloc de gauche qui veut son abrogation.

Et c’est là que se trouve le troisième danger qui guette ce NFP. Il est né en quatre jours en réaction à la dissolution de l’Assemblée nationale. Il a bel et bien un programme commun mais aussi des dossiers qui les divisent. Le soutien à la cause palestinienne, par exemple, ne fait pas l’unanimité. L’urgence climatique et les mesures qu’elle impose ne sont pas non plus du goût de tous les partis du bloc de gauche. Alors, on peut imaginer des députés répondre aux sirènes du bloc présidentiel.

Marine Tondelier, la cheffe des Écologistes entre les deux tours a répété plusieurs fois que les forces politiques vont devoir “faire des choses qu’elles n’ont jamais faites”. L’heure est venue ce dimanche soir. La gauche française doit se trouver une coalition plus large si elle veut gouverner de manière durable.

TRT Francais