France: des conditions lamentables dit la contrôleure des prisons
Un récent rapport publié par la contrôleure générale des lieux de privation de liberté met en lumière les conditions de vie désastreuses dans les prisons françaises, soulignant un manque criant de personnel et des normes sanitaires inacceptables.
France: un rapport accablant dénonce des conditions lamentables dans les prisons françaises / Photo: Reuters (Reuters)

Problèmes sanitaires et surpopulation

Le rapport annuel de Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), dévoilé ce mercredi 15 mai, présente un tableau affligeant des conditions dans les prisons en France.

Publié au lendemain du “terrible drame qui a causé la mort de deux surveillants pénitentiaires et grièvement blessé d’autres”, comme l’a précisé Simonnot, ce rapport souligne la gravité de la situation.

Le bilan de l'institution est préoccupant, mettant en évidence une “aggravation dramatique de la surpopulation carcérale”, une “profonde crise démographique de la psychiatrie”, une “carcéralisation croissante de la rétention administrative des étrangers”, “atteintes aux droits persistantes en garde à vue” et “structures toujours précaires”.

Selon le rapport, les cellules individuelles ne mesurent jamais plus de 9 m² et sont souvent partagées par deux ou trois détenus. Une fois soustraite la surface occupée par les sanitaires et le mobilier, l'espace disponible par personne tombe fréquemment bien en dessous de 3 m².

Ce constat préoccupant est renforcé par des taux d'incarcération records, avec 77 450 détenus pour 61 570 places au 1er avril, précise la CGLPL, dont le rôle est de défendre les droits fondamentaux dans les prisons et autres lieux de détention.

“Rats, pigeons, mouettes et chats”

En plus de la surpopulation, les conditions sanitaires sont lamentables. Dans de nombreux établissements, l'état des environs est tellement dégradé qu'il “attire rats, pigeons, mouettes et chats”, lesquels parviennent parfois à pénétrer dans les cellules.

“Dans un établissement, les punaises de lit prolifèrent au point que les personnes détenues sont recouvertes de piqûres et que certaines en ont des cicatrices”, ajoute le rapport.

La CGLPL critique également la situation des employés pénitentiaires, qui doivent faire face à une pénurie de personnel de plus en plus marquée.

Dans la majorité des établissements inspectés, les effectifs sont désespérément insuffisants. Plusieurs prisons s’habituent à un fonctionnement très dégradé, qui devient progressivement la norme. Les professionnels sont épuisés et ressentent une grande impuissance dans l’exercice de leurs fonctions.

Appels à l'action

La CGLPL émet régulièrement des “recommandations” aux pouvoirs publics afin d’améliorer ces conditions et préconise également l'instauration d'une régulation carcérale par voie législative. Cependant, au cours des six dernières années, les autorités ont souvent répondu de manière fragmentaire.

“Il est difficile de défendre les droits de ceux qu’une société n’aime pas, ne veut pas regarder et se moque bien des mauvais traitements qui leur sont infligés”, conclut Dominique Simonnot.


Agences