La victoire surprise dans ce second tour a donné des ailes au bloc de gauche. Hier soir, Jean-Luc Mélenchon et les autres ténors de gauche se déclaraient prêts à former un gouvernement mais, avec 180 sièges, ils n’ont toujours pas de majorité absolue ce matin. Passé l’euphorie de la victoire inattendue, le principe de réalisme semble doucement faire son chemin.
Si Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise (LFI) a déclaré dimanche soir vouloir appliquer le programme du NFP et rien d’autre, les choses sont moins tranchées ce lundi matin. Après les assurances du “on va appliquer notre programme et rien que notre programme”, Olivier Faure, le secrétaire général du PS insiste ce lundi matin sur la défaite du camp présidentiel et appelle également à prendre en compte la réalité. “Le réalisme s’impose, nous serons obligés de discuter”, a-t-il déclaré.
le NFP a besoin de 100 députés pour avoir une majorité absolue
Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes a également tempéré son discours entre hier soir et ce lundi matin. Sur France Inter, elle a même déclaré que le Nouveau Front populaire (NFP) doit “faire preuve de beaucoup de modestie” car il a une courte avance sur les autres blocs de l’Assemblée. Elle a même admis que la désignation par le NFP d’une personnalité pour Matignon “ne va pas être simple.”
Les membres du NFP se sont rencontrés hier soir, et doivent encore se voir ce lundi pour mettre au point une stratégie et désigner dans la semaine un potentiel Premier ministre, mais on ne parle pas encore de discussions avec d’autres partenaires politiques pour construire une majorité au Palais Bourbon.
Accepter d’être partenaires
François Bayrou, du MoDem, pointe d’ailleurs du doigt les contradictions du bloc de gauche ce lundi sur France Inter. “Le NFP, l’union de la gauche, a des attitudes et des choix politiques qui sont incompatibles entre eux. M. Glucksmann dit à peu près le contraire de ce que Jean-Luc Mélenchon dit”, a avancé M. Bayrou. L’homme politique centriste plaide pour une coalition qui regroupe la gauche et la droite, “les Français ont imposé qu’on sorte du gouvernement des uns contre les autres pour entrer dans le gouvernement des uns avec les autres, autant que possible.”
Si le Nouveau Front populaire ne veut pas perdre la main et que sa priorité reste la nomination d’un premier ministre, d’autres élus de gauche, se verraient bien détricoter la coalition politique née dans l’urgence après les élections européennes pour créer un nouveau bloc.
Clémentine Autain, ex LFI fraîchement réélue dans la 11e circonscription de la Seine-Saint-Denis a fait cette suggestion sur BFM TV,
“Imaginez que nous créions un nouveau groupe politique, pas caporalisé”, comprenez un groupe politique qui n’est pas sous la tutelle de Jean-Luc Mélenchon et LFI.
Emmanuel Macron, le président de la République reste, lui, au-dessus de la mêlée, il a déclaré qu’il s'exprimerait lorsque le scénario serait plus clair, après “la structuration de la nouvelle assemblée”.
Constitutionnellement, la France n’est pas sans gouvernement, tant que le nouveau gouvernement n’est pas formellement annoncé. Les affaires courantes sont donc gérées, d’autant que Gabriel Attal, le Premier ministre et Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur se sont engagés à continuer leur travail le temps nécessaire.