Passé la déconvenue du 7 juillet, les choses bougent au Rassemblement national. Le responsable du Plan Matignon, qui devait trouver de nouveaux députés, et les former, Gille Pennelle, a démissionné, officiellement parce qu’il a été élu député européen le 9 juin dernier. Il paye les outrances et les dérapages qui se sont multipliés surtout entre les deux tours des législatives.
Marine Le Pen a surtout repris les choses en main. Lors d’une visio-conférence hier, elle a rappelé que les opinions personnelles étaient à bannir, l’humour raciste était à bannir également, qu’ils étaient élus d’un parti politique et ne devaient parler que du programme. Il y a eu apparemment aussi un rappel à l’ordre sur les tenues vestimentaires, cravate obligatoire pour ces messieurs !
Le RN fait son examen de conscience
Au sein du RN, on tire les leçons de ce qui n’a pas fonctionné. Jordan Bardella, le chef du parti a admis des erreurs dès le lendemain du scrutin: “Il y a des efforts à faire, à la fois sur la professionnalisation de notre implantation locale, peut-être sur le choix d’un certain nombre de candidats. Je le dis clairement, sur quelques circonscriptions, les choix que nous avons faits n’étaient pas les bons”.
Dans le journal le Monde, Bruno Bilde, un proche de Marine Le Pen enfonce le clou : “Nous avons eu des profils extrêmement clivants, parfois même inquiétants. Il va falloir que la direction se penche tout de suite sur ce problème qui a parasité l’intégralité de la campagne, et surtout l’entre-deux-tours.”
Premier constat, le Plan Matignon était troué. Le parti a sélectionné avec attention les députés de 100 circonscriptions, pour les autres il a laissé le choix aux responsables départementaux. Les efforts ont été faits dans les circonscriptions qui étaient “gagnables” où le RN avait déjà connu de bons scores. Le parti n’avait pas anticipé rencontrer un tel succès dans les urnes, apparemment.
Et c’est ainsi que des “profils douteux” sont apparus dans le casting. Il y a eu la candidate à la casquette nazie dans le Calvados, le délégué départemental de la Mayenne qui a multiplié les messages pro-russes, les déclarations racistes d’une candidate à Riom… Pas une circonscription ou presque n’a été épargnée.
Le zéro tolérance pour les dérapages
Comme pour illustrer le fait que désormais le parti n’acceptera plus aucun jeu de mots douteux, ou allusion raciste, le député RN de l’Yonne tout juste réélu, Daniel Grenon a été exclu du groupe RN. Le 1er juillet dernier, il avait déclaré,au journal L’Yonne républicains, que les “Maghrébins arrivés au pouvoir en 2016 en France n’ont pas leur place en haut lieu”.
Le couperet est tombé vite mais le sujet des bi-nationaux reste une épine dans le pied du RN. Même Sébastien Chenu, porte-parole du parti, a dérapé le 13 juin sur C8 sur le sujet au cours de la campagne des législatives. L’interdiction de la bi-nationalité fait partie des vieux démons du RN. Pour ce parti politique, un bi-national n’est pas vraiment français, surtout s'il est originaire d’un pays non européen ! Le 27 juin, le député Roger Chudeau continue en postulant que la binationalité de l’ex-ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem a posé un “problème de double loyauté”. Pourtant, le RN crie à qui veut l’entendre que le sujet n’est plus dans son programme.
Alors que les 125 députés du RN font leur entrée à l’Assemblée nationale, ils vont avoir droit à une formation média, la consigne est désormais la suivante : pas d’interview sans prévenir la direction, et surtout réfléchir à deux fois avant de répondre aux questions !