Dans une interview exclusive accordée au journal Le Monde, Lerner a souligné l'urgence de prendre des mesures pour contrer l’influence de l'ultradroite et de l'ultragauche et protéger la sécurité nationale du pays.
En plus de la menace terroriste, le chef de la DGSI estime que la France est confrontée à une montée préoccupante de l'ultradroite et de l'ultragauche, deux mouvements extrémistes qui exploitent les tensions politiques et sociales pour renforcer leur présence et radicaliser de nouveaux adeptes.
L'ultradroite, caractérisée par des idéologies nationalistes et xénophobes, ainsi que l'ultragauche, prônant des idées radicales sur le plan social et politique, ont été identifiées comme des menaces croissantes pour la stabilité du pays, selon Le Chef des renseignements français.
"Environ 2000 personnes" au sein de l'ultradroite
Lerner a alerté sur "la résurgence très préoccupante" des actions violentes de l'ultradroite depuis le printemps. Il a aussi dénoncé "la banalisation du recours à la violence et la tentation de vouloir imposer ses idées par la crainte ou l'intimidation" au sein de l'ultradroite, qui compte "environ 2000 personnes".
Le directeur de la DGSI a également rappelé que 10 projets d'attentat terroriste venant de cette mouvance ont été déjoués depuis 2017. Ceux-ci étaient selon lui "d'inspiration néonazie, accélérationniste, raciste ou complotiste avec des cibles aussi variées que des citoyens de confession musulmane ou juive, des élus ou des francs-maçons".
L'ultragauche, un "sujet de préoccupation"
De son côté, l'ultragauche s'est engagée dans des manifestations violentes, des sabotages et des attaques contre les symboles du capitalisme et de l'État. L'importation de ses "modes d'action" sur la question environnementale, comme la contestation des mégabassines à Sainte-Soline ou des travaux de la ligne ferroviaire Lyon-Turin, a également été évoquée comme étant "un sujet de préoccupation".
"La lutte contre le réchauffement climatique est un combat légitime qui mérite d'être mené avec détermination. Mais avec les moyens admis en démocratie", souligne Nicolas Lerner regrettant que "cette revendication constitue pour certains un prétexte pour s'en prendre aux symboles de l'État, aux forces de l'ordre, à ce qu'ils appellent le 'système'".
Défi de prévention et de neutralisation de menaces
Ce qui rend la lutte contre l'ultradroite et l'ultragauche particulièrement difficile, c'est leur nature diffuse et décentralisée, a-t-il fait remarquer tout en expliquant que ces mouvements ne sont pas, contrairement à certains groupes terroristes internationaux, structurés de manière hiérarchique. Ils opèrent souvent à travers des cellules autonomes et des individus radicalisés, ce qui rend leur détection et leur surveillance plus complexes pour les autorités, explique-t-il.
Dans le cadre de la lutte contre l'ultradroite et l'ultragauche, Lerner a insisté sur l'importance d'une approche équilibrée, respectueuse des libertés fondamentales et des droits de l'homme. Rappelant que la menace de l'ultradroite et de l'ultragauche en France ne doit pas être sous-estimée, Lerner a souligné la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pour contrer ces courants extrémistes et protéger la stabilité du pays.