États-Unis: Une proposition de loi contre l’antisémitisme
La Chambre des représentants des États-Unis a voté une proposition de loi contre l’antisémitisme. Elle fait l’amalgame entre antisionisme et l’antisémitisme.
Le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson veut l’adoption d’une loi contre l’antisémitisme en Amérique. / Photo: AA (AA)

La Chambre des représentants américaine a approuvé le vote d’une proposition loi intitulée ‘’Loi sur la sensibilisation à l’antisémitisme’’ (Antisemitism Awareness Act) avec une majorité de 320 voix pour et 91 voix contre en séance plénière, rapporte l’agence de presse Anadolu.

Lire aussi: Le Congrès américain assimile l’antisionisme à l’antisémitisme

Le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui a bataillé pour faire approuver cette proposition de loi, a affirmé que les manifestations en faveur de la Palestine dans les universités américaines exacerbaient la vague ‘’d’antisémitisme’’ et augmentaient les préjugés contre les Juifs.

La proposition de loi adoptée par des élus démocrates et républicains, reprend la définition de l’antisémitisme proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) et devrait être utilisée par le ministère de l’Éducation.

Selon cette définition, ’’l’antisémitisme est une certaine perception des juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.’’

Le républicain Matt Gaetz et d’autres élus ont déclaré que cette définition de l'antisémitisme est large et qu'elle risque de brider la liberté d'expression, alors que les campus américains sont secoués actuellement par des mobilisations pro-palestiniennes.

Le projet de résolution a suscité de nombreuses critiques en raison de son assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme. Il s’agit pourtant de deux notions qui ont toujours été indépendantes l’une de l’autre, tout au long de l’histoire.

Amalgame

Rashida Tlaib, élue palestinienne du parti démocrate au Congrès, a toujours condamné l’amalgame entre ces deux appellations. ”L'opposition aux politiques extrémistes du gouvernement israélien et de son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, ne saurait être considérée comme de l'antisémitisme” a-t-elle toujours insisté.

L'antisionisme est défini comme un mouvement opposé à l'idée d'établir un État juif sur les terres palestiniennes et aux politiques menées par Israël dans ce but. Quant à l'antisémitisme, a-t-elle ajouté, il est fondé sur la haine du peuple juif, d'où découle une discrimination fondée sur des préjugés.

Il existe des juifs opposés au sionisme. C’est le cas par exemple de “l’organisation internationale des juifs contre le sionisme” dont fait partie le rabbin Yisroel Dovid Weiss.

"Le sionisme, l'idéologie de l'État d'Israël, essaie de se présenter comme un État juif, mais le sionisme est une idéologie qui n'a rien à voir avec le judaïsme, qui est une religion, souligne le rabbin Yisroel Dovid Weiss. Ils prétendent qu'ils représentent la religion juive, qu'ils parlent au nom de Dieu et qu'ils sont la voix du peuple juif dans le monde, qui est totalement dévoué à Dieu. Ce n'est absolument pas vrai".

Le rabbin précise que ceux qui s'opposent à cette situation sont qualifiés "d'antisémites" ou accusés d'alimenter "la haine du peuple juif et de la religion juive", alors qu'en réalité, le judaïsme et le sionisme sont diamétralement opposés.

Le dirigeant religieux juif insiste que le sionisme a conduit à la Grande Catastrophe (Nakba) de 1948, au cours de laquelle les Palestiniens ont été soumis à des déplacements forcés.

"Le judaïsme et le sionisme sont aussi éloignés l'un de l'autre et contradictoires que le ciel et la terre. Le judaïsme est la soumission à Dieu tout-puissant. Le sionisme, quant à lui, est le nom d'un nationalisme extrême qui sert à posséder tout ce qui inclut le fait d'être une nation", conclut le rabbin Weiss.

Encore des étapes

Pour entrer en vigueur, cette proposition de loi contre l’antisémitisme doit encore être adoptée au Sénat puis promulguée par le président Joe Biden.

Le 18 avril, des étudiants pro-palestiniens de l'université de Columbia ont lancé une occupation des pelouses du campus pour demander à la direction de l'établissement de couper ses relations avec des entreprises qui ont des liens avec Israël.

Plus tard, les manifestations estudiantines pro-palestiniennes se sont étendues à d’autres grandes universités des États-Unis, dont, entre autres, l’université de Harvard, l’université de New York, l’université de Yale, le Massachusetts Institute of Technology, l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’université de Caroline du Nord.

La vague de protestation sans précédent aux États-Unis a touché par la suite les universités européennes notamment en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Canada ou encore en Inde. Elles ont, toutes, été les théâtres de manifestations de soutien à leurs homologues des universités américaines, exigeant la fin de la guerre à Gaza et le boycott des entreprises qui livrent des armes à Israël.

Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de victimes civiles, pour la plupart des enfants et des femmes. Et ce, en plus d'une famine, d’une catastrophe humanitaire sans précédent et d'une destruction massive des infrastructures, qui ont conduit Tel-Aviv à comparaître devant la Cour internationale de Justice pour ‘’génocide’’.​​​​​​​

TRT Français et agences