L’Association victimes attentats (AVA) avait adressé une lettre au président de la République pour dire sa déception lorsque Michel Barnier, alors Premier ministre, avait annoncé l’abandon du projet.
Mostafa Salhane, président de l’AVA, est l’une des victimes de l’attentat perpétré sur le marché de Noël de Strasbourg en 2018. Il était alors chauffeur de taxi et après sa course macabre au travers des rues du centre ville, Cherif Chekatt avait sauté dans son taxi et l’avait menacé de mort. L’attaquant a tué 5 personnes et en a blessé 11 autres.
Salhane confie à TRT Français, que pour lui, en sa qualité de président de l’AVA, et pour toutes les victimes, “ce mémorial est essentiel sachant que dans tous les pays du monde touchés par le terrorisme, il y a un lieu de ce genre, à New-York pour marquer l’attentat du 11 septembre, en Norvège pour marquer l’attaque sur l’île d’Utoya. La France avait besoin d’un tel lieu”.
Ce mémorial sera situé à Suresnes dans une ancienne école. Mostafa Salhane a d’ailleurs travaillé sur le cahier des charges du futur musée. Il précise qu’il y aura des objets qui rappellent les attentats comme des chaises du café La belle équipe percées par des balles à Paris lors de l'attentat du Bataclan en novembre 2015, des objets récupérés sur la Promenade de Nice (attentat du 14 juillet 2016), mais, pour Mostafa Salhane, ce lieu doit être avant tout un lieu de “pédagogie”.
Sa vie bascule en 15 minutes
La victime de Chérif Chekatt consacre aujourd’hui sa vie à la question du terrorisme. Le franco-marocain a abandonné son taxi pour devenir peintre. Il a, depuis, offert une trentaine de ses œuvres pour qu’elles soient exposées dans ce mémorial. “J’y exprime ce que j’ai ressenti, comment ce trauma post-traumatique a changé ma vie. Mais ce qui est important, c’est que le lieu doit être un lieu de pédagogie, un lieu de résilience, et de résistance”, déclare-t-il.
Le président de l’association AVA rappelle que des enfants ont été victimes, d’où l’importance, souligne-t-il, que les écoles interviennent pour expliquer les conséquences du terrorisme.
Il espère aussi que ce sera un lieu, un espace de dialogue pour comprendre le fonctionnement du terrorisme, pour distinguer clairement l’Islam du terrorisme, et explorer les mécanismes de la radicalisation. Il cite ces jeunes “qui parlent d’Islam sur internet et qui ne vont pas voir un imam ou une personne qui connaît l’Islam.”
Il reste à mobiliser 95 millions d’euros pour envisager une ouverture potentielle en 2027, le projet ayant été abandonné, auparavant, pour des raisons budgétaires.